Le ministère américain des Affaires étrangères a proposé, lundi, 23 millions de dollars de récompense pour toute information permettant la capture de deux terroristes : Abubakar Shekau, le responsable de la secte islamiste Boko Haram, et Mokhtar Belmokhtar, leader du groupe terroriste les signataires par le sang. Contacté par Afrik.com, André Bourgeot, expert du terrorisme au CNRS, souligne que Washington tente d’empêcher la généralisation de la déstabilisation dans tout le Sahel.
Une somme colossale : 23 millions de dollars pour toute information contribuant à la capture des terroristes ennemis des Etats-Unis. C’est l’offre du ministère américain des Affaires étrangères qui cible particulièrement Abubakar Shekau, le responsable de la secte islamiste Boko Haram, et Mokhtar Belmokhtar, leader du groupe terroriste les signataires par le sang.
« La plus grosse récompense, sept millions de dollars, est réservée au n°1 présumé de Boko Haram, Abubakar Shekau, qui combat actuellement l’armée du Nigeria dans le nord-est du pays », indique Liberation.fr. Et d’ajouter : « Une manne de cinq millions de dollars est également offerte à quiconque apportera des renseignements décisifs concernant l’Algérien Belmokhtar, un ancien chef d’Aqmi qui a monté son propre groupe (les signataires par le sang, ndlr) fin 2012 ».
Hormis ces deux têtes d’affiche, les Etats-Unis visent, en outre, d’autres dignitaires du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et ceux d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) : « Aqmi est de plus en plus actif dans le nord et l’ouest de l’Afrique. Ils font partie des tout premiers groupes qui kidnappent contre rançons dans la nébuleuse terroriste mondiale », a expliqué à l’AFP un responsable du ministère américain des Affaires étrangères.
Empêcher la généralisation du terrorisme dans le Sahel
Mokhtar Belmokhtar a commandité en janvier l’attaque contre le site gazier d’In Amenas, en Algérie, suivie d’une prise d’otages qui a tué plus de 37 étrangers issus de 8 nationalités différentes. « Le borgne » a également revendiqué (via un communiqué) les deux attentats suicides survenus le jeudi 23 mai au Niger, un contre un site militaire à Agadez et un autre visant le site d’uranium d’Areva à Arlit. 23 personnes ont trouvé la mort.
Contacté par Afrik.com, André Bourgeot, expert du terrorisme au CNRS, souligne que Washington tente d’empêcher la généralisation de la déstabilisation dans tout le Sahel. « A la suite de l’attaque d’In Amenas dirigée par Mokhtar Belmokhtar, les Etats-Unis n’ont pas lancé un appel à sa capture moyennant finance. Mais, la situation s’est aggravée avec la tentative de déstabilisation du Niger. Le Niger et les Etats-Unis entretiennent des bonnes relations et ont des intérêts communs à défendre », analyse-t-il. « D’où la somme proposée par les Etats-Unis. Même si les intérêts américains ne sont pas menacés et toutes les cibles des attentats ont été françaises, les Etats-Unis sont les leaders mondiaux de la lutte contre le terrorisme et tentent d’empêcher la diffusion de la perturbation dans d’autres pays comme la Libye (qui n’a pas de pouvoir central pour rétablir l’ordre), le Mali, le Niger voire l’Algérie dont le président a une santé fragile ». « C’est pourquoi ils veulent absolument capturer Mokhtar Belmokhtar qui a une puissance de frappe importante », ajoute le spécialiste de l’Afrique de l’Ouest.
Le ministère américain des Affaires étrangères offre, depuis 1984 via son programme intitulé « récompenses pour la justice », des montants astronomiques afin de capturer les chefs terroristes qui menacent les intérêts américains. Jadis, les têtes des commanditaires des attentats du 11 septembre ont, elles aussi, été mises à prix, dont celle d’Oussama Ben Laden.