Rien ne va plus à Mohéli. L’armée comorienne a dressé mardi des barricades dans la région centre de l’île et a quadrillé les rues de Fomboni, le chef-lieu.
Selon des sources concordantes, ce déploiement militaire serait dû à l’annonce d’un futur gouvernement exclusivement mohélien, mis en place pour contrer le président de l’Union des Comores Ahmed Abdallah Sambi. En France, une formation nationale en exil s’est également constituée, dimanche, pour obtenir le départ de l’actuel chef d’Etat.
Mohéli en « état de siège ». Selon des témoins présents sur place, la petite île des Comores a vu débarquer, mardi matin, les militaires de l’armée comorienne, « cagoulés et armés jusqu’aux dents ». Ils se seraient déployés dans la région centre, dressant des barrages à l’entrée du quartier Djoézi, à l’aéroport de Bandar Essalam, au port de Boingoma ainsi qu’à d’autres points stratégiques de Fomboni, le chef-lieu de Mohéli. « Les véhicules sont fouillés et certaines personnes, ciblées comme potentiellement perturbateurs, sont interdites de circulation », indique un communiqué transmis à Afrik.com.
« D’une centaine de soldats, on est passé en un jour à 1000 militaires pour une population totale de 30 000 habitants », précise Said Ali Ben Cheikh, le secrétaire général du collectif des Comoriens de France. « Les gens se déplacent très peu et des voitures de militaires circulent toujours dans la ville », rapporte El Amine Ali Mbaraka, le président des jeunes patriotes mohélien et maire de Fomboni, qui s’est dit victime de menaces de la part de l’armée comorienne.
Deux gouvernements, une seule île
Ce déploiement de militaires dans la petite île de Mohéli, déjà sous tension, se serait effectué en raison de l’annonce d’un futur gouvernement mohélien autonome et indépendant, mis en place pour protester contre le président de l’Union des Comores au pouvoir, Ahmed Abdallah Sambi qui a prolongé son mandat. Pour l’heure, aucune information sur sa composition n’a été divulguée.
A des milliers de km, en France, des membres de la communauté comorienne ont constitué, dimanche, un gouvernement d’union nationale en exil pour obtenir le départ du chef d’Etat. « Le 26 mai dernier, Sambi devait quitter le pouvoir mais il a décidé de rester. Pour nous, il n’est pas légitime. Face à ce vide institutionnel, on a décidé de former un nouveau gouvernement pour que les négociations reprennent », explique Amina Hassanaly, la présidente de cette formation nationale en exil, constituée à l’initiative des partis comoriens Mwashiwa et Jirma, ainsi que de l’association des femmes mohéliennes de France.
Composés de onze membres, tous originaires des trois îles de l’archipel (Anjouan, la Grande Comores, Mohéli), ce gouvernement en appelle à la France, « le pays mère » pour sortir de la crise politique. « La France avait débloqué la situation en précipitant le départ de l’ancien président Azali Assoumani. On souhaite qu’elle fasse de même avec Sambi », développe Amina Hassanaly qui est prête avec son gouvernement, à repartir aux Comores si la crise politique tarde à se résoudre. En France comme aux Comores, les Mohéliens n’ont pas l’intention de baisser les bras devant le gouvernement de Sambi.