Le roi Mohammed VI aurait posé des conditions à la visite du Président Emmanuel Macron au royaume. La venue du dirigeant français au Maroc serait prévue en mai. Sauf qu’elle est actuellement compromise. Mais le Maroc aurait une bonne carte à jouer. Laquelle ?
Le Président français, Emmanuel Macron, devrait se rendre au Maroc, au mois de mai prochain. Seulement, une petite brouille a remis en cause ce déplacement du locataire de l’Élysée. A l’origine, un texte adopté à une large majorité par le Parlement européen, il y a quelques semaines. L’institution a enjoint Rabat à « respecter la liberté d’expression et la liberté des médias ». Dans une résolution le Parlement européen appelle le Maroc à cesser le « harcèlement de tous les journalistes ».
Le Parlement européen à l’origine de la crise
Mieux, dans le texte, les élus se disaient « profondément préoccupés par les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient corrompu des députés au Parlement européen ». Il n’en fallait pas plus pour que l’on crie au scandale au Maroc. D’abord les parlementaires marocains qui ont décidé de « reconsidérer les relations avec le Parlement européen et de les soumettre à une évaluation globale ». Ensuite, une décision plutôt surprenante de Mohammed VI.
En effet, Rabat a mis fin à la mission de l’ambassadeur du Maroc en France. « Conformément aux hautes instructions royales, il a été décidé de mettre fin aux fonctions de Mohamed Benchaâboun en tant qu’ambassadeur de Sa Majesté auprès de la République française, à compter du 19 janvier 2023 ». C’est ce qu’a indiqué un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères publié au Bulletin officiel du 2 février. Curieuse coïncidence, c’est ce même 19 janvier que le texte du Parlement européen a été adopté. Dès lors, il ne fait aucun doute que la décision marocaine, antidatée, est un signe de protestation contre le texte des élus européens.
Mohammed VI pour jouer la carte Algérie
Alors que la tension est perceptible entre Rabat et Paris, voilà qu’Alger ouvre une brèche que pourrait bien exploiter les autorités marocaines. Il s’agit de l’affaire de la journaliste militante franco-algérienne Amira Bouraoui. Cette dernière a été exfiltrée par les autorités consulaires françaises basées en Tunisie. Interdite de sortie d’Algérie, la journaliste a pu regagner Paris par un vol depuis Tunis. Aidée d’ONG et de journalistes, elle aura auparavant séjourné au consulat français de Tunisie. Ce qui a irrité Alger qui a rappelé son ambassadeur à Paris. Et le Maroc serait en train de profiter des relations tendues entre Paris et Alger pour jouer une « bonne carte ».
D’après Georges Malbrunot, journaliste au quotidien français Le Figaro, le royaume chérifien poserait quelques conditions au projet de voyage au Maroc du Président français, Emmanuel Macron. Rabat souhaiterait que l’Élysée prenne ses distances vis-à-vis d’Alger. Évoquant des confidences d’un diplomate français, le journaliste précise. « Emmanuel Macron doit se rendre au Maroc, en février probablement; mais on n’a encore pas de date. Les Marocains aimeraient que nous publiions un communiqué contre l’Algérie avant ». Reste à savoir si Paris va accéder à cette requête. Mais d’ores et déjà, en Algérie, on accuse le Maroc d’être à la manœuvre.