Le « Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation » a vivement protesté contre l’accueil d’un navire de guerre israélien au port de Tanger le 6 juin 2024. Le navire, l’INS Komemiyut, a fait escale pour se ravitailler en carburant et en provisions avant de continuer sa route vers le port de Haïfa. Cette action repose la question du positionnement du roi Mohammed VI dans le conflit israelo-palestinien, ente soutien historique au peuple palestinien et politique de normalisation des relations entre le Maroc et Israël.
Si le navire de guerre israélien accueilli à Tanger Med a entraîné une controverse, c’est aussi en comparaison avec la position espagnole qui n’arrange pas le Maroc. En effet, dans une position similaire, l’Espagne a récemment refusé de ravitailler le bateau Marianne Danica, transportant des armes destinées à Israël. Le 19 mai 2024, Madrid interdisait l’escale de ce navire marchand en provenance d’Inde dans ses ports. Cette décision, saluée par les organisations pro-palestiniennes, reflète une position plus ferme de l’Espagne vis-à-vis des tensions en Palestine, marquant une différence notable avec la politique marocaine.
Le refus espagnol a été perçu comme une prise de position contre l’escalade militaire israélienne, contrastant fortement avec la décision du Maroc de permettre au navire de guerre INS Komemiyut de se ravitailler à Tanger. Ce double discours de Mohammed VI, président du Comité Al-Qods, chargé de défendre les intérêts du peuple palestinien, mais en même temps au centre du rapprochement entre son pays et Israël a déclenché une vive polémique et des manifestations au Maroc. Le média spécialisé Globes rappelle que le Maroc et Israël ont signé un accord de coopération militaire en novembre 2021.
Renforcement des relations de défense entre le Maroc et Israël
Les relations de défense entre le Maroc et Israël se sont considérablement renforcées depuis la signature de cet accord. En février 2022, Israel Aerospace Industries (IAI) a signé un accord de plus de 500 millions de dollars pour fournir au Maroc le système de défense aérienne et antimissile Barak MX, capable de protéger contre diverses menaces de missiles et de drones. Cette coopération est perçue comme une trahison de la cause palestinienne.
Depuis le début du conflit israélo-palestinien, Mohammed VI est régulièrement critiqué pour ne pas soutenir suffisamment la Palestine. Et même pour sa proximité perçue avec Israël. Ainsi, des manifestations et des protestations des partisans de la cause palestinienne ont régulièrement eu lieu au Maroc. Le « Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation » avait déjà mis en garde, le 1er juin, contre le passage de navires transportant des armes à destination d’Israël dans les eaux marocaines.
Cette position ambiguë de Mohammed VI vient de la priorité donnée par le Souverain chérifien au dossier du Sahara occidental. Cette priorité effaçant a priori toutes les autres comme le Roi l’a montré dans ses discours.
Le « Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation » prévoit d’inclure cette question dans ses prochaines manifestations. Avec un accent particulier à Tanger, afin de mobiliser l’opinion publique contre la coopération militaire avec Israël.