
À la suite de propos jugés « stigmatisants » du président du MR sur les allocations sociales perçues par des Belgo-Marocains, une polémique secoue la Belgique. Des élus PS accusent des députés MR d’origine marocaine de trahison identitaire. Face à cette tension, Hassan Rahali a lancé un appel inédit au roi Mohammed VI, réclamant une intervention du Maroc pour défendre ses ressortissants.
Tensions anciennes sur le traitement réservé aux immigrés d’origine maghrébine
La Belgique est secouée par une nouvelle polémique mêlant politique, identité et mémoire migratoire. À la suite des propos controversés de Georges-Louis Bouchez, président du MR, accusant certains bénéficiaires d’allocations sociales de posséder des biens immobiliers au Maroc tout en profitant du système belge, une onde de choc a traversé la communauté belgo-marocaine. Cette déclaration, perçue comme une généralisation stigmatisante, a ravivé des tensions anciennes sur le traitement réservé aux immigrés d’origine maghrébine.
En réaction, des élus PS, d’origine marocaine également, ont vivement attaqué les quatre députés MR issus de la même communauté, leur reprochant un manque de solidarité. Cette campagne, largement diffusée sur les réseaux sociaux, a pris une tournure identitaire inquiétante. Naima Belkhatir, conseillère PS à Schaerbeek, leur a reproché d’avoir « oublié d’où ils viennent », tandis que d’autres messages anonymes les traitaient de « lâches sans dignité ».
Appel à condamner ces attaques verbales et politiques
Mais c’est surtout l’appel inattendu lancé au roi Mohammed VI qui a attiré l’attention. Hassan Rahali, président du conseil communal de Molenbeek (PS), a publiquement sollicité l’intervention du cabinet royal marocain, estimant que le royaume devait protéger ses ressortissants, même à l’étranger. Il a demandé au ministre marocain des Affaires étrangères de condamner ces attaques verbales et politiques, afin que « plus personne n’ose s’en prendre aux Marocains ».
Cet appel au souverain chérifien illustre un profond malaise. Pour certains Belgo-Marocains, le soutien des autorités locales semble faire défaut, les poussant à chercher appui auprès de leur pays d’origine. Ce phénomène s’inscrit dans une série de controverses similaires survenues ces dernières années. En 2017, par exemple, la Belgique avait connu une vive tension autour des « fichés S » et de jeunes belgo-marocains suspectés de radicalisation.
Les doubles nationaux appelés à « choisir leur camp »
Certaines déclarations de responsables politiques avaient alors laissé entendre que les doubles nationaux devraient « choisir leur camp », provoquant un tollé. En 2020, une autre polémique avait éclaté autour des pensions versées aux anciens travailleurs immigrés retournés au Maroc. Des débats sur la « loyauté » des binationaux étaient revenus sur le devant de la scène, réveillant un vieux fond de méfiance à leur égard.
Des épisodes qui rappellent que les Marocains de Belgique, bien que citoyens à part entière, restent souvent perçus à travers le prisme de la suspicion ou de l’altérité. L’appel à Mohammed VI, peut surprendre dans une démocratie européenne, surtout qu’il traduit un besoin de reconnaissance et de protection, face à un climat perçu comme hostile.