Mohammed Bouyeri, le meurtrier du cinéaste hollandais, Theo Van Gogh, a été condamné à la perpétuité, mardi dernier, par le tribunal d’Amsterdam. Le jeune Hollandais d’origine marocaine ne s’est pas défendu et n’a exprimé aucun regret.
Le tribunal d’Amsterdam a condamné mardi, Mohammed Bouyeri, le jeune Néerlandais d’origine marocaine de 27 ans, qui a assassiné le très controversé cinéaste Theo Van Gogh, à la réclusion à perpétuité. Celui qui a ôté la vie à l’arrière petit neveu du célébrissime peintre hollandais en lui tirant plusieurs fois dessus puis en l’égorgeant, ne s’est pas défendu et n’a exprimé aucun remord. Il a revendiqué ce crime au nom de sa religion et s’est même dit prêt à recommencer s’il était libéré.
Le vœu pieux du jeune homme qui souhaitait mourir en martyr ne sera donc pas exaucé. Le procès du meurtrier du cinéaste aura duré près de deux semaines. Les faits remontent au 2 novembre 2004. Theo Van Gogh se rend, à vélo, sur le tournage de son dernier film, qui traitait de l’assassinat de son ami, Pim Fortuyn, un leader d’extrême droite, tué lui aussi par un extrémiste, militant pour la défenseu des animaux.
Sa route croise alors le chemin de Mohammed Bouyeri, soupçonné par la police hollandaise d’appartenir à un groupe intégriste, dénommé Hofstad. L’islamiste s’acharnera sur sa cible et finira par avoir raison d’elle. L’assassinat du réalisateur hollandais de 47 ans a constitué un véritable électrochoc aux Pays-Bas et est à l’origine d’un véritable malaise vis-à-vis des Marocains, en particulier, et des musulmans en général. Ils représentent près d’une personne sur seize en Hollande.
Selon le président du tribunal Udo Willem Bentinck, dont les propos ont été rapportés sur le site de la Télévision suisse-romande : « l’attentat terroriste contre Theo van Gogh a provoqué au sein de la société néerlandaise de graves sentiments de peur et d’insécurité ». Et engendré de la violence également : les mosquées, les écoles islamiques et les églises feront l’objet d’attaques et de vives tensions communautaires feront suite au décès du cinéaste.
Une funeste affaire de conviction
L’on retrouvera planté sur sa poitrine, un texte de 5 pages où Bouyeri professe des menaces notamment contre la député hollandaise d’origine somalienne Ayaan Hirsi Ali. On pouvait également y lire la phrase suivante : « Les Néerlandais doivent payer de leur sang la torture et le meurtre de nos frères et sœurs » (les Pays-Bas sont présents en Irak, ndlr), indique le quotidien français Libération.
La parlementaire libérale, une ancienne musulmane devenue athée, est la scénariste du film de Van Gogh intitulé Soumission, un court-métrage de 10 mn qui fustige les violences faites aux femmes dans les sociétés musulmanes. Diffusé à la télévision nationale, fin août 2004, il avait soulevé un tollé dans la communauté. Cette œuvre cinématographique pourrait être à l’origine de son assassinat. De fait, à sa sortie, l’éditorialiste et la député avaient reçu des menaces de mort. Mais Théo Van Gogh ne les avait pas prises au sérieux.
L’homme, qui s’est toujours montré très critique à l’égard de l’Islam, aura été sacrifié sur l’autel de ses convictions, elles mêmes fort critiquables et critiquées. Il avait, par exemple, qualifié le maire d’Amsterdam de « protecteur des enculeurs de chèvres » que sont, selon lui, les membres de la communauté musulmane hollandaise.
Mais le monde musulman n’était pas sa seule cible. Il avait, en effet, traité l’écrivain juif Leon de Winter d’« artiste de chambre à gaz », sans compter ses nombreuses sorties homophobes et misogynes. Et puis surtout, pour Theo van Gogh, la société hollandaise ne pouvait être multiculturelle. Et sa disparition ne risque pas de faciliter ce long et difficile processus.