Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, écope de deux ans de prison ferme. La cour d’appel d’Alger a donc confirmé le premier verdict du 14 juin dernier. Ses avocats dénoncent une décision politique et annoncent un pourvoi en cassation.
De notre partenaire Le Quotidien d’Oran
Mohamed Benchicou, directeur du quotidien Le Matin, comparaissait mercredi à la cour d’Alger pour l’affaire des bons de caisse non déclarés à l’aéroport Houari Boumediène. Après avoir entendu l’accusé et les plaidoiries des avocats, la cour d’appel a confirmé la peine de deux ans de prison ferme, premier verdict tombé le 14 juin dernier au tribunal d’El Harrach. L’amende de 20 millions de dinars a cependant été revue à la baisse. Mohamed Benchicou, actuellement détenu à la prison d’El Harrach, avait été condamné pour « infraction à la législation sur les mouvements des capitaux » après la découverte de bons de caisse dans ses bagages à l’aéroport d’Alger en août 2003.
Ils étaient très nombreux, mercredi, à venir soutenir Mohamed Benchicou. Le visage quelque peu amaigri et les cheveux coupés, le directeur du journal suspendu réaffirmait sa position sur cette affaire. Devant le président du tribunal, il a, en effet, plaidé non coupable. Pour lui, « toute cette histoire n’est qu’une machination savamment orchestrée par le ministre de l’Intérieur ».
Toute la presse visée
Le président de la cour l’interpelle en lui disant qu’il est emprisonné en tant que citoyen ayant commis un délit de détention illégale de bons de caisse. « Vous saviez tout de même que ces bons de caisse représentent une somme importante d’argent et vous n’avez même pas déclaré cet argent ! » Et Benchicou de répondre : « Oui, mais je crois que je suis le premier citoyen à purger une peine de prison pour détention de bons de caisse… » Poursuivant : « Ceci n’est en vérité qu’une réaction politique ». Le président de la cour reste cependant inflexible. Pour lui, « nul n’est censé ignorer la loi ».
Le collectif des avocats de Benchicou, eux, ont axé leurs plaidoiries sur le fait que « les textes de loi, notamment l’ordonnance 22 96 portant sur le mouvement des capitaux, ne précisent pas que la détention des bons de caisse est illégale ». En outre, ajoutent-ils, « les policiers eux-mêmes ne savaient s’il s’agissait d’un délit, ils ont seulement fait des photocopies. Trois jours après, ils ont trouvé cette histoire de bons de caisse. Le véritable problème était que Benchicou se trouvait dans leur collimateur ». Le verdict est tombé comme un couperet pour la famille et les amis de Benchicou et les salariés du journal Le Matin. D’autant plus, affirme-t-on, que le sort du journal dépendait de ce procès. « C’est une sanction très sévère. Deux ans ferme c’est trop. Nous sommes vraiment déçus », a déclaré l’un des avocats de la défense, Me Khaled Bergheul. Ajoutant que la défense allait « se pourvoir en cassation devant la Cour suprême pour que s’impose le droit », estimant : « A travers Benchicou, c’est toute la presse qui est visée ».
Amel Blidi