Depuis ce lundi, le premier citoyen nigérien, Mohamed Bazoum, est en visite officielle en terre béninoise. Plus que les questions liées au terrorisme, l’économie est au cœur de cette visite.
Arrivé en terre béninoise dans la matinée du lundi 13 mars 2023, le Président nigérien, Mohamed Bazoum, a été accueilli à l’aéroport international de Cotonou par une délégation ministérielle constituée du ministre d’État chargé du Développement et la Coordination de l’Action gouvernementale, du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, et du ministre de l’Industrie et du Commerce. Des ministres, de hauts fonctionnaires ainsi que des hommes d’affaires ont accompagné le Président nigérien. Après avoir été reçu au palais de la Marina, Mohamed Bazoum a donné, aux côtés de Patrice Talon, une conférence de presse.
L’économie au cœur des échanges
Les questions liées au terrorisme ont été très peu abordées au cours de cette visite. La part belle a été faite à l’économie. « Nous sommes satisfaits de ce qui a été fait jusque-là, de la coopération entre nos deux États, notamment au plan des renseignements, au plan militaire, de sorte que nous avons passé très peu de temps sur la question militaire », a confié à la presse le Président béninois avant de poursuivre : « Il est aisé de constater à notre frontière commune Niger-Bénin, le parc W, que depuis quelque temps, notre action porte des fruits et que les attaques et les menaces sont plutôt rares. Je ne dirais pas que nous avons la paix définitive, je ne sais même pas si elle existe quelque part dans le monde, mais cette menace, ces manifestations dans ces régions sont plutôt maitrisées. Et je peux dire que nous sommes relativement satisfaits de ce qui se fait ».
De son côté, Mohamed Bazoum ne cache pas non plus sa satisfaction : « Je voudrais me réjouir à mon tour du travail accompli par nos services de défense et de sécurité (…) Ce que nous avons fait jusqu’à présent a répondu convenablement à nos attentes et nous avons encouragé nos forces de sécurité et de défense à poursuivre cette coopération ».
« Le pétrole du Niger est devenu le pétrole du Bénin »
Au cours de cette visite, il a surtout été question de pétrole. Du pétrole nigérien qui doit transiter par le Bénin via un pipeline en construction. Un projet bénéfique pour le Bénin qui va pouvoir engranger des ressources importantes. Toute chose amenant le Président nigérien à déclarer que « le pétrole du Niger est devenu le pétrole du Bénin ». Mohamed Bazoum justifie son propos : « C’est une décision que nous avons prise de faire passer notre pétrole le long du territoire du Bénin. Il y a des taxes qui sont payées, ne serait-ce que de la manutention ici au port de Cotonou, qui feront en sorte que le pétrole du Niger va bénéficier au peuple du Bénin ».
Patrice Talon n’a pas hésité à confirmer les dires de son hôte : « Si d’ailleurs nous avons autant d’attente et d’enthousiasme pour l’exploitation et l’exportation du pétrole nigérien, c’est bien parce qu’il y a un intérêt pour les frères et sœurs du Bénin. Le passage du pétrole par le territoire béninois va générer des revenus pour l’État béninois, et c’est très important ». Pas étonnant que le chef de l’État béninois conclut comme son homologue : « Donc je pense que ce pétrole, il est partagé, il est celui du Bénin aussi ».
Mohamed Bazoum au port autonome de Cotonou
Au cours de la journée du lundi, Mohamed Bazoum et sa délégation ont visité le port autonome de Cotonou ainsi que le terminal du pipeline à Sèmè Kraké. Le port autonome de Cotonou est l’un des importants leviers de la coopération entre le Bénin et le Niger depuis fort longtemps. Pendant la période coloniale, le Dahomey, doté d’un wharf, était le principal exutoire du Niger. Après les indépendances, cette relation a continué et le Bénin est demeuré la principale porte océane du Niger, un pays de l’hinterland. L’essentiel des exportations et des importations nigériennes transite par le Bénin, principalement le port autonome de Cotonou.
Ce mardi, prend fin la visite du Président nigérien. Mais, pas avant une visite du fleuron de l’économie béninoise, la Zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ, en anglais), et une rencontre avec les Nigériens vivant au Bénin.