Mobilisation historique en Egypte


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Les Egyptiens ont répondu massivement à l’appel de l’opposition ce mardi. Ils étaient plusieurs centaines de milliers, dans plusieurs villes du pays, à réclamer pacifiquement le départ du président Hosni Moubarak. L’opposant Mohamed El-Baradei a déclaré que le raïs devra quitter le pouvoir «vendredi au plus tard ».

Une véritable marée humaine. Les Egyptiens ont répondu très nombreux à l’appel de l’opposition pour une grande mobilisation dans tout le pays ce mardi. Selon la chaîne de télévision Al-jazira, 4 millions de manifestants ont été enregistrés, et ils étaient 2 millions sur la place Tahrir au Caire, à réclamer le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981. «Le peuple veut la chute du raïs» et «le peuple veut la chute du gouvernement» étaient les deux slogans les plus usités. La manifestation a aussi pris de l’ampleur dans d’autres villes du pays. Selon la chaîne de télévision Al-arabya, près de 300 000 personnes se seraient rassemblées à Suez et 500 000 à Alexandrie.

Pour maintenir l’ordre, l’armée a fermé les accès au Caire. Le trafic ferroviaire est également toujours suspendu depuis lundi. Pilier du régime égyptien, l’armée constitue désormais un soutien de taille pour le peuple. Elle a affirmé lundi qu’elle ne ferait pas usage des armes contre les manifestants dont elle estime la cause « légitime ».
L’opposant au régime Mohamed El-Baradehi, et prix Nobel de la paix 2005, qui était aussi aux côtés des manifestants sur la place Tahrir, a déclaré à la chaîne Al-arabya que les Egyptiens « veulent en finir aujourd’hui, sinon vendredi au plus tard avec Moubarak », avant de se prononcer pour « une sortie honorable » du président sur la chaîne Al-Hurra. De même, sur leur site officiel, les Frères musulmans, principal parti d’opposition au pouvoir, ont dit vouloir remplacer le président Hosni Moubarak par le président de la Cour Constitutionnelle.

Moubarak pointé du doigt dans le monde

Les Etats-Unis et l’Europe n’ont pas été seuls à réagir face à l’ampleur de la crise. La Turquie, par exemple, a aussi apporté son soutien ce mardi au peuple égyptien. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a aussi exhorté ce mardi le régime égyptien à « satisfaire sans hésitations la volonté de changement» de son peuple. L’opposante Birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, a déclaré sur la BBC : «nous sommes tous avec les manifestants égyptiens ».

Les Américains, qui ont ces dernières semaines durci le ton contre le régime en place, ont ordonné « le départ d’Egypte de tous les employés non essentiels du gouvernement des Etats-Unis et de leurs familles en raison des événements récents ». Les diplomates américains étaient autorisés à quitter le pays depuis dimanche. L’administration du président Barack Obama avait déjà recommandé aux ressortissants américains d’éviter de se rendre en Egypte. Même son de cloche pour le Royaume-Uni qui se dit déçu par la formation du nouveau gouvernement lundi. « Bon nombre des personnes nommées ce lundi ont servi dans les précédents gouvernements, ou ont des liens avec le régime actuel de Moubarak », a déclaré le porte-parole de David Cameron, Premier ministre britannique. Il a également insisté sur « la nécessité d’écouter les aspirations du peuple ».Quant à la France, elle a insisté pour que «le sang s’arrête de couler». Les Nations Unies parlent d’un bilan de 300 morts depuis le début des manifestations.

Les ressortissants étrangers ont commencé à plier bagage, craignant que la situation ne dégénère. Ils étaient des centaines à envahir l’aéroport, au Caire, ce matin. Les 600 touristes français encore présents en Egypte devraient être rentrés d’ici la fin de la semaine ou dirigés vers une autre destination de leur choix. Cette situation a un « coût énorme sur le plan financier pour les tour-opérateurs », a déclaré, René-Marc Chikli, président du Ceto, l’association de tour-opérateurs français, à Radio Classique. Il évoque le chiffre de 2 millions d’euros pour l’envoi de 30 avions à vide pour récupérer les touristes.

Bien que les téléphones mobiles et internet soient muselés, pour étouffer la contestation, Google a mis en place un nouveau service de messagerie pour permettre aux Egyptiens d’échanger avec le monde extérieur. Il suffit pour eux d’appeler l’un de ces trois numéros +16504194196, +390662207294, +97316199855, et de laisser un message sur la boîte vocale. Leurs messages seront automatiquement retranscrits sur Twitter.

Avec cette montée de colère du peuple, Hosni Moubarak semble désormais sur le fil du rasoir. Nombre de manifestants, qui n’ont plus peur de la répression, se disent « prêts à mourir » pour la liberté. Le bras de fer est loin d’être terminé.

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