Le boycott du concours Miss Univers au Nigeria est-il un acte militant ? A première vue, il l’est bel et bien. Refuser de participer à un concours de beauté dans un pays où les femmes sont condamnées à la lapidation pour adultère semble la moindre des choses pour témoigner de son indignation. En apparence.
Car en stigmatisant les autorités de Lagos par leur absence médiatisée, certaines Miss ne font-elles pas, en somme, le jeu des intégristes ? Ils ont gagné. Eux qui, depuis le début, menaçaient de perturber la cérémonie n’ont plus à se casser la tête. Que l’événement soit l’apothéose d’une véritable ode à la femme n’aurait-il pas été le plus beau des pieds de nez au sexisme exacerbé d’un fondamentalisme rétrograde ?
Beaucoup semblent également oublier que le Nigeria est un pays fédéral et qu’à ce titre, les différente états du pays bénéficient d’une large autonomie. Tous ne sont pas logés à la même enseigne. Sur 36 états, seuls 12 ont adopté la charia (la loi islamique). Radicaux. Intolérants. Comme en témoignent les actuelles émeutes de Kaduna (250 km au nord d’Abuja) qui ont fait déjà plus de 100 victimes. La fièvre intégriste menace et vient même de gagner la capitale.
Et ces Miss qui sont là, bien au chaud chez elles, à remercier le ciel d’avoir échappé à la tourmente. Elles s’en lavent les mains. Syndrome Ponce Pilate. Le boycott n’est pas une solution. Et qu’importe les conséquences qu’engendrera le concours, sa tenue effective est un fait de résistance. Un cri de liberté. Céder serait accorder trop de crédit à ceux qui n’en méritent décidément pas. Leur conférer une force qui pourrait malheureusement leur donner des ailes.