Avec Dire Dawa, la chanteuse Minyeshu livre un deuxième album haut en couleurs. Entre influences tribales traditionnelles et sonorités modernes, l’artiste éthiopienne envoute par sa voix suave et chaude. Artiste complète, la jeune femme, qui danse aussi, entend faire connaitre son pays au-delà du continent africain. Interview.
C’est à Addis Abeba que l’aventure musicale de Minyeshu commence il y a quelques années. Après une formation complète au Théâtre National, elle décide de partir à l’assaut des capitales européennes avec son sac à dos et une grosse dose de motivation. Son premier album, Meba, sort en 2002. Il mêle la richesse de la musique traditionnelle éthiopienne à des arrangements plus modernes et occidentaux. Elle attendra six ans pour présenter, en octobre 2008, son deuxième album Dire Dwa, tout aussi envoûtant. Comme la petite ville homonyme, Dire Dawa, qui a vu naître l’artiste, à mi-chemin entre Addis Abeba et Djibouti, le second opus de la chanteuse est vivant, coloré, énergique et pétillant. La chanteuse nous raconte ses influences, nous parle de ses envies et de ses espoirs. Interview.
Afrik.com: Vous dansez et chantez à la fois et ça semble très naturel pour vous. Est-ce un talent inné? Ou avez-vous appris à faire tout ça ?
Minyeshu: C’est un peu des deux. Quand j’étais à Addis Abeba , j’ai gagné un concours local qui m’a permis de m’entraîner et de suivre des cours au Théâtre National. J’y ai beaucoup travaillé, tous les jours, très dur… En plus du talent il faut beaucoup de sueur.
Afrik.com: De quoi parlent vos chansons ? Quels thèmes évoquez-vous : l’amour, la mort, la vie, l’amitié… ?
Minyeshu: Mes chansons sont d’abord très personnelles et intimes. Je parle des choses qui arrivent autour de moi. Mais, une chanson comme « Buna » par exemple évoque le café éthiopien. Nous, Ethiopiens, devrions être fiers de ce café. C’est vraiment une chanson pour encourager mon peuple, les Ethiopiens, et pour leur dire de croire en eux.
Afrik.com: Votre style est un mélange de musique traditionnelle éthiopienne, africaine et arabe avec des influences plus modernes. Comment le définiriez-vous ? Est-ce un symbole de la culture éthiopienne, une culture mélangée ?
Minyeshu: Quand j’étais au Théâtre National, j’ai énormément appris sur les danses et les musiques locales et tribales. J’ai été très émue en découvrant tout cet univers. J’adore ces musiques. Quand j’en écoute, je suis émue, ça me rend fière d’être Ethiopienne. C’est de ce socle que je commence chaque fois que j’écris une nouvelle chanson. Ma musique est profondément enracinée dans la musique tribale et traditionnelle éthiopienne. Les influences plus modernes présentes dans mes chansons sont d’abord un moyen logique de rendre ma musique accessible à d’autres personnes. Mais maintenant que nous avons des musiciens soudanais, malien, allemand et américain, c’est devenu tout à fait naturel. Nous sommes un vrai groupe, une famille.
Afrik.com: Je me demande quel genre de musique vous écoutez étant donné les influences très riches de votre musique…
Minyeshu: J’aime beaucoup les auteurs-compositeurs américains, je trouve leur musique très introspective et personnelle. J’adore surtout les musiques dansantes en général…En fait, j’adore la musique tout simplement. Quand j’écoute du flamenco, mon cœur bat à toute allure. C’est émouvant, c’est beau, ouaouh… comme Jacques Brel.
Afrik.com: Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Minyeshu: Profiter de la vie à fond, encore plus que maintenant et… jouer, jouer et créer !