Milton Obote, l’ex-Président ougandais, a rendu l’âme lundi matin, à 81 ans, dans un hôpital de Johannesburg (Afrique du sud). Ses années à la tête du pouvoir ont notamment été marquées par une guérilla sanglante, qui a fait 300 000 victimes.
Par Mourad Ouasti
« Je confirme la mort de mon père, aujourd’hui (lundi, ndlr) dans un hôpital de Johannesburg. D’autres détails seront donnés après consultation avec la famille », a déclaré Ben Obote, le fils de l’ex-Président ougandais Milton Obote. Souffrant, selon Xinhua, de graves problèmes respiratoires, l’ancien chef d’Etat s’était rendu en avion la semaine dernière en Afrique du Sud. Il a séjourné à la clinique Morningside, où il est décédé à 81 ans. Milton Obote a dirigé l’Ouganda d’une main de fer, de 1967 à 1971, puis de 1980 à 1985. Ce dernier mandat a laissé un goût amer dans l’histoire du pays, puisque 300 000 personnes ont trouvé la mort lors d’une guérilla meurtrière.
Milton Obote est Premier ministre de 1962 à 1967 puis Président, suite à la promulgation d’une Constitution abrogeant les royaumes du pays. Il impose un régime socialiste. Son protégé Idi Amin Dada, qui a été son chef d’état major, le destitue par coup d’Etat en 1971. Le pays est à cette époque la cible d’un conflit opposant les Bougandais au pouvoir en place. Les Bougandais estimaient en effet que les programmes de nationalisations décidés par Obote les menaçaient directement. Le pays plonge dans le désarroi, la corruption, l’instabilité et la crise économique.
Entre exil et pouvoir
Sous Amin Dada, le pays connaît le totalitarisme dans toute sa cruauté. Une estimation fait état de 200 000 victimes. En 1978, la survie du pays dépend de l’aide des monarchies pétrolières du Golfe, en particulier de l’Arabie Saoudite. Pour relancer l’idée d’une cohésion nationale et faire oublier la crise économique, Amin Dada attaque la Tanzanie dans le but de reprendre un territoire frontalier. Celle-ci réagit immédiatement, occupe le pays et oblige Amin Dada à abandonner les rênes du pouvoir. Ce qu’il fera, avant de s’exiler en Arabie Saoudite.
Obote brigue un second mandat en 1980 et remporte les élections. Son second passage au pouvoir durera 5 ans et sera entaché par la mort de 300 000 personnes durant une guérilla sanglante. L’opposition au régime est double : d’une part, dans le Nord, les commandos armés des fidèles d’Amin Dada ; d’autre part, dans le Sud Baganda, l’Armée nationale de résistance (National Resistance Army, NRA), dirigée par Yoweri Museveni, formée en Tanzanie et au Mozambique. Finalement, Obote installe les seuls membres de sa tribu aux commandes de l’armée, engendrant un vif mécontentement au sein de cette dernière.
La réaction de la junte militaire est sans appel : le général Itto Okello, en 1985, renverse Obote. Ce qui a permis à Yoweri Museveni d’accéder au pouvoir en 1986. Obote vivait en exil en Zambie. Ses partisans affichaient le désir de le voir réintégrer la vie politique de son pays, mais le gouvernement ougandais demandait à l’ex-Président de se justifier concernant les 300 000 victimes de son second mandat avant de penser à revenir s’installer au pays.