De l’Afrique au Proche-Orient, il existe mille et une façons de fêter l’Aïd el Kébir et de préparer le repas traditionnel. Couscous ou grillades, riz rouge ou riz byriani, tous les goûts sont permis tant qu’un mouton est sacrifié. Seule chose qui ne diffère pas d’un pays à l’autre : la joie de se retrouver en famille et de partager avec les plus nécessiteux en ce jour sacré pour les musulmans. Afrik.com est parti à leur rencontre dans les rues de Paris. Reportage
« L’Aïd c’est avant tout le jour du sacrifice du mouton pour notre prophète Ibrahim », rappelle Nadim, pakistanais. Fête la plus importante de l’islam, l’Aid el kébir célèbre l’épisode durant lequel le prophète Ibrahim accepta de sacrifier son fils, Ismaël, à Dieu en signe de sa soumission. Avant que celui-ci ne s’exécute, Dieu fit remplacer le jeune garçon par un mouton, convaincu de la dévotion du prophète. « C’est cet amour pour Dieu que nous fêtons » ajoute Malik, lui aussi pakistanais.
Partager le repas avec les pauvres
Cette fête s’étale sur plusieurs jours mais le premier est souvent le plus important. Il est rythmé par des gestes et des pratiques bien précises pour Saïda, algérienne. « Le matin, on prend le café tous ensemble, en famille. Ensuite, le mouton qu’on a commandé arrive chez nous après avoir été tué à l’abattoir. On le prépare, on le mange, toujours en famille, mais aussi avec les amis et les pauvres. » L’Aid el Kébir, c’est aussi la fête de la charité, un des cinq piliers de l’islam. Tout musulman qui a les moyens d’acheter un mouton doit partager le repas sacré avec celui qui ne le peut pas. Ali, qui lui est turc, nous rappelle ce devoir. « Le mouton doit être coupé en trois : une partie à manger en famille, une autre à manger avec les amis et la troisième pour les pauvres et les gens qui en ont besoin. C’est la fête du partage avant tout »
Fête du partage mais également de la sociabilité. Dans la famille d’Ali, «les jeunes vont voir les plus vieux le matin, ensuite ce sont les autres qui les relayent, toute la journée est basée sur la visite. C’est une fête où on passe la journée à discuter avec les autres». La joie est le mot d’ordre de cette journée sainte. « Des plus grands aux plus petits, tout le monde est content », explique Saïda. Dans sa famille, «les enfants recevront des habits neufs et un peu d’argent de poche », comme chez Ousmane, qui lui est ivoirien.
Riz pour les uns, couscous pour les autres
Côté cuisine, pour Ousmane ce sera « couscous et gigot pour Tabaski ». Même menu que chez Saïda, seul le nom de la fête change [Tabaski signifie Aid el Kébir]. Duarr Sso, ivoirien également, préparera du riz rouge avec un mafé d’agneau pendant que Nadim dégustera des grillades de mouton et du riz byriani. « L’important est d’offrir à Dieu un beau mouton ou un beau plat au moins»,
Derrière la joie des préparatifs, on sent malgré tout une pointe de nostalgie chez ces musulmans de France qui vivent loin de leurs racines. Pour Saïda, « ce ne sera jamais comme au bled forcément ». Moussa, un Malien de 32 ans, regrette lui de ne pas être avec ses parents mais « seulement avec ses cousins qui sont venus en France en même temps que lui ». De toute façon il n’est même pas sûr de faire un repas de fête « vu les prix de la viande en France ! ». Ali essaye, lui, de prendre chaque année au moins un jour férié « pour maintenir la tradition même loin du pays ».
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