Militer pour le Co-développement en Afrique


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À deux mois de l’intervention française au Mali, l’opinion publique internationale à l’impression de ne pas maîtriser tous les aspects de l’opération serval.

Tout en soutenant la décision de François hollande, le doute est toujours présent grâce aux interventions américaines en Irak et en Afghanistan. Après plusieurs années de guerre, ces pays sont dans un état de chaos plus que jamais auparavant. Ce que la guerre pourrait apporter est l’espoir d’une vie meilleure, en détruisant une force en place. D’un autre côté, ces guerres laissent derrière elles une ouverture à toutes les forces en places vives ou obscures. Ce que l’Occident oublie est que la guerre contre le terrorisme n’est pas, et surtout pas, qu’une guerre militaire. Le terrorisme puise ses forces d’une réalité des sociétés où il se cultive tout en se justifiant de l’injustice des jeux de relations internationales des puissances mondiales.

Tout en saluant l’appui de la France aux citoyens maliens, il s’agit de souligner, encore une fois, le manque de complémentarité de l’intervention française. Aborder un plan global, pour ne pas utiliser le terme « compréhensif », de guerre contre le terrorisme dans le Sahel ne va pas sans rappeler l’importance du Maghreb uni dans cette lutte.
Tout d’abord, l’intervention française base son intervention sur le danger que représente le terrorisme dans le sahel pour l’Europe. Par quelle route, géographiquement, devrait passer ces terroristes ? Si ce n’est par l’un des pays du Maghreb.

Le Maroc, l’un des pays membre de cet espace géographique, a opté pour une stratégie de co-développement basée sur la promotion de l’humain. Un an après son intronisation, Mohammed VI donnait le ton et le signal des nouvelles ambitions du Maroc en Afrique en annonçant, au nom de la coopération Sud-Sud, sa décision d’annuler la dette des pays les moins avancés (PMA) d’Afrique subsaharienne et d’exonérer leurs produits de droits de douane à l’entrée du marché marocain. Durant ces 10 dernières années, l’aide fournie par le royaume au pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale a augmenté jusqu’à 268 millions d’euros par an.

Outre la formation des cadres et les projets socio-économiques, en particulier en matière d’assainissement, d’approvisionnement en eau et en électricité, de santé et d’agroalimentaire, le Maroc a organisé, en 2007, à Rabat, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la Première Conférence Africaine sur le Développement humain. Cette Conférence a eu pour objectif de répondre à l’ambition du Maroc de promouvoir un développement humain global équilibré et harmonieux, à travers le renforcement de la coopération Sud-Sud et la mise en œuvre des engagements pris dans divers forums internationaux, notamment ceux liés aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

L’investissement dans le futur se fait à travers les bourses universitaires octroyés aux 10 000 étudiants africains chaque année au sein des universités et écoles marocaines.

La coopération Sud-Sud s’est faite aussi à travers le volet économique, il y là un avantage évident de transfert et partage de savoir faire. Des entreprises telles que Managem, Ynna Holding, CCGT et JET Sakane interviennent dans divers secteurs : minier, touristique, irrigation, habitat et social. Des rapprochements bancaires ont été effectués entre les Groupes BMCE Bank et Attijariwafa Bank et d’autres banques de pays de l’espace africain. La dernière en date est Hit Radio, dont le directeur-Afrique, Eli Kodjoakou, a fait part, dimanche à Dakar de ‘la détermination de la station qu’il dirige à accompagner le Royaume chérifien dans ses politiques et efforts de développement. Créée en 2006 au Maroc et avec des antennes dans certains pays africains, Hit Radio a pour ambition de toucher toutes les jeunesses africaines devant participer au développement de l’Afrique. C’est pourquoi, nous avons jugé utile d’accompagner les politiques et efforts du Maroc en matière de développement. Ce qui pourra avoir des répercussions positives sur les autres pays du continent ».

Pour la sixième visite du souverain marocain en Afrique, le quotidien marocain le Soir échos souligne que « c’est un quasi euphémisme que celui de « Mohammed VI l’Africain » ! Peut-être eût-il été plus approprié de dire « un militant » de l’Afrique. Une tournée qui a démarré par le Sénégal le 15 mars dernier, avant de se poursuivre en Côte d’Ivoire et au Gabon. Sans oublier de traiter la crise au Mali et qui touche naturellement tous les pays de la région, la presse marocaine se réjouit de cette visite, le quotidien L’économiste à ainsi conclut son édito du 18 mars par le constat suivant : « le régime politique marocain a l’avantage de disposer d’un cycle long, celui de la royauté, gérant les options stratégiques au-delà des contingences politiques ».

Le 14 Janvier dernier, un édito du quotidien Le monde titre « empêchons la création d’un sahelistan ». Pascal Chaigneau y rappelle que « le facteur temps constitue l’ennemi principal. En Juin la saison des pluies rendra toute action sur le terrain impossible. ». Au delà des saisons, pensons à l’après, celui-ci ne se fera qu’en se basant sur les bons partenaires dans la région à travers le renforcement d’une réelle stratégie de co-développement.

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