En lançant l’appel sous les drapeaux pour les jeunes de 20 à 26 ans, le autorités ivoiriennes ne jouent-elles pas avec le feu ? Le succès de la conscription à Abidjan ne doit pas nous faire oublier les véritables questions. Celles que le gouvernement devrait se poser sur la gestion de l’après. Que restera-t-il, en cas de victoire, de tout ce bel élan patriotique ? Qui sont ceux qui, à corps et à cri, réclament une place sur le front, à part les chômeurs ou les personnes n’ayant pas le dilemme d’abandonner femme et enfant pour aller défendre la patrie ?
Qu’adviendra-t-il de tous ces jeunes hommes en arme une fois le conflit terminé ? Est-il utile de rappeler que ce même conflit a débuté, officiellement, par une mutinerie de soldats justement démobilisés ? Une grogne qui plonge aujourd’hui le pays dans une guerre civile qui ne veut pas dire son nom. Les leçons de l’histoire commanderaient plus de prudence. A moins que l’Etat n’ait déjà une idée derrière la tête. Les plus sarcastiques diront qu’il s’agit d’une initiative originale et meurtrière contre le chômage et que trois semaines de préparation militaire express sont tout juste bonnes à faire de la chair à canon. Les autres pourraient imaginer qu’il s’agit d’un stage de formation radical à l’issue duquel les survivants intégreraient qui l’armée, qui la gendarmerie.
Toujours est-il que les images de jeunes hommes martelant avec ostentation leur désir d’aller en première ligne ou désespérant de ne pas figurer sur les listes d’incorporation a de quoi faire peur. Au delà de l’amour qu’ils portent à leur pays, on se demande s’ils ont bien conscience de la réalité de la guerre. On ne va pas au combat comme on va au marché. Chacun y laissera quelque chose. Certains la vie, d’autre un compagnon d’arme ou d’autre encore leur jeunesse.