Migrations : Ursula von der Leyen propose des « hubs » de retour hors UE


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Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne

L’Union Européenne pourrait amorcer un tournant majeur dans sa gestion des flux migratoires. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proposé l’ouverture de centres de retour, ou « hubs », situés en dehors de l’UE pour traiter les migrants illégaux. Dans une lettre adressée aux 27 États membres, elle a appelé à « réfléchir à l’idée de développer des centres de retour en dehors de l’UE ».

Cet accord, salué comme une initiative « courageuse » par la Première ministre italienne Giorgia Meloni, permet de traiter les demandes d’asile sur le sol albanais tout en restant sous juridiction italienne et européenne. Deux centres, Shengjin et Gjader, sont déjà prêts à accueillir les premiers migrants. Ce qui ouvre la voie à une nouvelle approche de gestion des migrations, qui pourrait être suivie par d’autres pays.

Jusqu’à présent, ces projets de « hubs » étaient soutenus par des gouvernements d’extrême-droite, comme ceux de l’Italie et de la Hongrie. Cependant, la proposition officielle d’Ursula von der Leyen marque un changement important dans la politique migratoire européenne. Ce sujet sera au cœur des discussions lors du Conseil européen des 17 et 18 octobre, consacré à la migration, où Meloni organisera une réunion parallèle avec les pays intéressés par l’accord avec l’Albanie.

Une évolution inévitable ?

Cette inflexion n’est pas totalement inattendue. Le Parti populaire européen (PPE), auquel appartient Ursula von der Leyen, avait déjà exprimé son soutien à l’idée de centres de retour hors de l’UE. Le concept, bien que controversé, n’est pas nouveau : le Royaume-Uni avait tenté un accord similaire avec le Rwanda, mais sans succès. Plusieurs pays, dont la France, ont également montré de l’intérêt pour cette approche, à l’instar de son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.

Le récent exemple italien est déjà en application. Un groupe de 16 migrants originaires du Bangladesh et d’Égypte est actuellement en route vers l’Albanie dans le cadre de cet accord. L’Europe adopte des mesures de plus en plus restrictives face aux flux migratoires. L’Allemagne a réintroduit des contrôles à ses frontières, tandis que la Pologne envisage de suspendre partiellement le droit d’asile.

Un climat de plus en plus restrictif en Europe

Cette tendance s’inscrit dans un contexte de montée en puissance de l’extrême-droite lors des dernières élections européennes. Ces formations anti-migrants n’ont jamais été aussi présentes au Parlement européen. Et Ursula von der Leyen doit composer avec elles pour faire avancer certains textes. Dans sa lettre, Ursula von der Leyen propose également une nouvelle loi visant à faciliter l’expulsion des migrants en situation irrégulière.

Cette évolution vers une approche plus répressive en matière de migration intervient malgré des chiffres encourageants. Selon Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, les passages clandestins aux frontières de l’UE ont diminué de 42% depuis janvier. Pourtant, l’UE, sous la pression croissante de l’extrême-droite, semble déterminée à durcir davantage ses politiques migratoires, en renforçant les contrôles aux frontières et en mettant en place des mécanismes comme les « hubs » de retour.

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