Le cinéaste italien Matteo Garrone, reconnu pour ses œuvres impactantes telles que « Gomorra » (2008) et « Dogman » (2018) ou Pinocchio (2019), nous offre une nouvelle perspective sur la crise migratoire avec son dernier film, « Moi Capitaine ». Couronné du Lion d’Argent à la Mostra de Venise, en 2023, ce film bouleversant raconte l’histoire poignante de Seydou, un jeune Sénégalais de 16 ans, et son périple pour atteindre l’Europe.
Seydou est présenté comme un garçon courageux et déterminé, mais également naïf, peu conscient des dangers qui l’attendent sur son chemin. Victime de la tromperie des passeurs, il se retrouve abandonné dans le désert, luttant seul pour sa survie, sans eau ni nourriture. Ce voyage initiatique l’amène à vivre les aspects les plus sombres et violents de la migration clandestine. À travers le parcours de Seydou, Garrone livre un récit à la fois puissant et profondément émouvant, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontés les migrants.
Un voyage sombre et révélateur : Immersion et réalisme
La réussite de « Moi Capitaine » réside dans sa mise en scène immersive, caractéristique du style de Garrone. Le réalisateur nous plonge dans l’univers de Seydou. Ainsi, il nous fait ressentir physiquement la chaleur accablante du désert, la faim, la soif. Mais aussi la peur et la violence omniprésentes. Son style naturel intensifie l’expérience du spectateur, créant une sensation de proximité avec le jeune protagoniste.
Seydou Sarr, interprétant le rôle principal, offre une performance exceptionnelle. En effet, son interprétation lui a valu le prix Marcello-Mastroianni à la Mostra de Venise, au mois de septembre 2023. Sa capacité à transmettre les émotions et les motivations de son personnage rend son histoire encore plus touchante et crédible. Ainsi, il devient le symbole de la lutte et de la résilience face à l’adversité.
« Moi Capitaine » est plus qu’un film. C’est un appel à la réflexion et à la prise de conscience sur la réalité des crises migratoires. En nous confrontant à la dureté de cette réalité, Garrone nous rappelle que derrière les statistiques et les politiques se trouvent des individus. Mais aussi leurs rêves, leurs peurs et leur quête de dignité.
Ce film est un plaidoyer pour la solidarité et le respect envers ceux qui entreprennent ces voyages en quête d’une vie meilleure.