Migration et développement à Dakar


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Après les conférences de Rabat en 2006 et Paris en 2008, les représentants d’une soixantaine de pays africains et européens se sont retrouvés à Dakar pour évoquer les questions du développement et de la migration.

« La question du développement est au centre de la gestion des stratégies de gestion des flux migratoires, a insisté le ministre des Affaires étrangères sénégalais, Madické Niang, à l’issue des travaux du sommet. Si nous ne réglons pas la question du développement, nous aurons toujours des problèmes pour contenir la question de la migration. » Mercredi, une soixantaine de pays africains et européens ont adopté à Dakar une nouvelle stratégie pour gérer les flux migratoires entre l’Afrique et l’Europe.

Dans la lignée de la conférence Euro-Africaine de Rabat en 2006 et du sommet de Paris en 2008, cette réunion de Dakar a fixé les grandes lignes pour les trois prochaines années. La « stratégie de Dakar » repose ainsi sur trois piliers : organiser la migration légale, renforcer les synergies entre migration et développement et lutter contre la migration irrégulière. Africains et Européens se sont engagés à atteindre dix objectifs prioritaires dont la garantie du respect des droits des migrants et des réfugiés, l’amélioration de la mobilisation des transferts d’argent des migrants au bénéfice du développement des pays d’origine et la facilitation des échanges entre les services chargés de la mobilité.

Secrétaire d’Etat à la jeunesse et à la vie associative, Jeannette Bougrab représentait la France et son ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, à cette 3e conférence Euro-Africaine sur la migration et le développement. Lors d’une interview accordée aux journalistes de France24, RFI et Afrik.com, elle s’est déclarée « émue » de coprésider en compagnie de son homologue sénégalais le sommet. « Si quelqu’un peut parler de la migration, c’est peut-être moi, moi l’enfant d’Afrique, moi l’enfant d’Algérie », a-t-elle souligné. Avant d’expliquer avec un certain accent sarkozyen qu’il ne devait pas y avoir de « sujet tabou ». Justifiant la politique migratoire française, elle a estimé que la France n’avait pas « à piller les talents et les richesses de l’Afrique ». « L’Afrique a un joyau qui est la jeunesse, a-t-elle affirmé, l’Afrique c’est l’avenir. » « Je ne vais pas renier ce que m’a donné la République française. Je ne peux pas laisser stigmatiser mon pays, aujourd’hui deux millions de visas sont accordés chaque année », a enfin conclu Jeannette Bougrab.

Dans son discours de clôture, le ministre sénégalais a regretté que « de plus en plus l’Europe se ferme ». Des propos immédiatement corrigés par le directeur général des affaires intérieures à la Commission européenne, Stefano Manservizi. « L’Europe ne se renferme pas, elle devient de plus en plus exigeante », lui a-t-il répondu. Une passe d’arme qui en dit long sur les visions diamétralement opposées d’une vieille Europe en crise et d’une Afrique qui aimerait que l’Europe ouvre les vannes à l’émigration légale. Les deux continents ont beau essayer de parler d’une seule voix, ils voient décidément les choses différemment.

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