Le ministre Italien des affaires étrangères Franco Frattini a conclu au terme de sa visite à Tunis, ce mardi, un accord avec le gouvernement tunisien afin de faire face à l’immigration clandestine en provenance de Tunisie. Rome et Tunis se sont résolus à une « coopération pragmatique et opérationnelle » pour régler le différend migratoire qui oppose les deux Etats.
La Tunisie et l’Italie ont décidé ce mardi de coopérer pour faire face au déferlement de quelque 5 000 jeunes immigrés clandestins en provenance de Tunisie sur l’île italienne de Lampedusa. Rome a proposé une aide financière d’urgence de près de 5 millions d’euros et l’octroi d’une ligne de crédit de l’ordre de 100 millions d’euros afin de lutter contre les flux migratoires à destination de l’Italie. A cela s’ajoute une aide technologique. La Tunisie disposera ainsi d’« une aide logistique en termes d’équipement des forces de police, la mise à disposition de moyens importants, tant navals que terrestres pour le contrôle de la côte tunisienne », a indiqué lundi Franco Frattini, le ministre italien des Affaires étrangères. Pour ce dernier, la Tunisie et son pays ont convenu d’« une coopération pragmatique et opérationnelle ».
Rome, submergé par l’afflux massif de ces jeunes tunisiens, a décrété le 12 février « l’état d’urgence sanitaire » et réclamé une solution bilatérale pour régler le problème avec Tunis. Roberto Maroni, ministre de l’intérieur italien avait demandé une autorisation au gouvernement tunisien pour une intervention des forces de l’ordre italiennes sur le territoire tunisien. La réponse de Tunis avait alors été claire : une opposition catégorique à une demande qu’elle percevait comme une « violation de sa souveraineté » et une « ingérence dans ses affaires intérieures ». Toutefois, le nouveau gouvernement provisoire s’était dit disposé à coopérer avec l’Italie.
Tunis et Rome trouvent un compromis
Les relations diplomatiques entre les deux pays semblent s’être apaisées depuis la rencontre ce lundi entre le ministre de l’Intérieur italien, Roberto Maroni et Premier ministre tunisien, Mohamed el-Ghannouchi. La chute de l’ancien président tunisien Ben Ali, il y a un mois, est à l’origine du désordre politique et économique qui règne en Tunisie. Les difficultés économiques, le chômage et la défaillance des gardes frontaliers au large des côtes tunisiennes durant la révolution de Jasmin expliquent la marée humaine qui a accosté en Italie.
L’Union européenne (UE) devrait également venir en aide à la Tunisie. Catherine Ashton, le chef de la diplomatie européenne, a annoncé le déblocage de «17 millions d’euros pour aider le gouvernement ». « Mais il y aura 258 millions d’euros de l’UE d’ici 2013», a-t-elle également indiqué. L’aide européenne répond à la requête du gouvernement italien de faire collectivement face au problème migratoire. L’UE souhaite également soutenir la transition politique et économique, projet auquel la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne souhaitent activement participer. Des élections législatives sont prévues dans six mois en Tunisie.