Depuis des millénaires, les Bantous ont entrepris un périple migratoire extraordinaire, qui a façonné une grande partie du paysage humain de l’Afrique subsaharienne. Leur histoire a été longuement débattue. Désormais, la science génomique éclaire d’un jour nouveau leurs origines, leurs migrations et les bouleversements liés à la traite des esclaves.
Comment ces peuples, aujourd’hui plus de 310 millions de personnes, ont-ils traversé l’Afrique et mêlé leur génétique à celle des peuples locaux ? Et comment la douloureuse histoire de l’esclavage a-t-elle marqué leur ADN ?
Les origines bantoues : un voyage millénaire
Il y a environ 4000 à 5000 ans, les peuples bantous quittèrent leurs terres natales, situées entre le Cameroun et le Nigeria, à la recherche de nouvelles terres. Maîtres de l’agriculture, ils ont peu à peu étendu leur présence vers l’est et le sud de l’Afrique. Cependant, le chemin exact de cette migration restait flou, divisé entre deux théories opposées. Une étude génomique d’envergure a permis aux chercheurs de confirmer que les Bantous ont d’abord traversé la forêt équatoriale. Ensuite, ils se sont divisés en deux branches : l’une se dirigeant vers le sud, l’autre vers l’est.
Le métissage, clé de l’adaptation
L’un des aspects les plus intéressants de l’histoire des Bantous est leur capacité à s’adapter à des environnements variés, notamment grâce aux métissages successifs avec les peuples rencontrés. En analysant les génomes de plusieurs populations bantoues, les chercheurs ont découvert que ces métissages ont permis l’acquisition de mutations génétiques bénéfiques. Par exemple, en Afrique centrale, les Bantous ont hérité des Pygmées une variation du système immunitaire. Ce qui les a rendus plus résistants aux infections. De même, en Afrique de l’Est, ils ont adopté une mutation leur permettant de digérer le lait à l’âge adulte.
Les traces de l’esclavage dans le génome
L’une des périodes les plus sombres de l’histoire bantoue reste sans doute la traite négrière transatlantique. En étudiant les génomes de plus de 5000 Afro-Américains, les scientifiques ont pu retracer l’origine géographique des esclaves africains déportés. Près de 80 % du patrimoine génétique des Afro-Américains provient de l’Afrique, avec des contributions majeures du Golfe du Bénin et de l’Afrique centrale. Cette génomique révèle ainsi non seulement l’origine des Bantous déportés, mais elle met aussi en lumière l’impact dévastateur de l’esclavage sur leur diaspora.