Influente dans le monde, selon le magazine Forbes, et populaire dans son pays, Michelle Obama, la première dame des Etats-Unis, a débarqué dans la campagne pour les élections de mi-mandat. L’«amie», le premier soutien du Président Barack Obama et la « maman en chef » de leurs deux filles pèse dans la vie socio-politique des Américains. Ses ambitions de first lady, son passé professionnel, sa compréhension des réalités quotidiennes de ses compatriotes et des femmes, notamment de sa communauté, et son glamour font d’elle une hôtesse de la Maison Blanche pas comme les autres.
Michelle Obama est entrée en campagne auprès de son mari, le président américain Barack Obama, dimanche dernier pour les élections de mi-mandat du 2 novembre prochain. Barack Obama, en mauvaise posture selon les sondages, risquerait de perdre la majorité absolue à la Chambre des représentants et au Sénat. A deux semaines de cette échéance électorale cruciale pour la conduite de ses réformes, le président démocrate a sorti ce que d’aucuns appellent sa botte secrète : son épouse. Depuis deux ans, sa popularité ne se dément pas au Etats-Unis : elle récolte plus de 50% d’opinion favorable. Tout comme son mari, ce n’est pas seulement aux Etats-Unis qu’elle fait des émules.
Celle qui aime à dire qu’elle est simplement une « fille du Sud » [Michelle Obama : From Chicago South Side to the White House, Marlene Targ Bill, chez Lerner]] a été déclarée femme la plus puissante du monde par la revue américaine [Forbes. Michelle Obama est arrivée en tête du top 100 des femmes les plus influentes de la planète, publié le 6 octobre dernier, par le magazine qui se fait très élogieux à son égard. « Elle s’est appropriée la fonction de première dame », en changeant son visage, au sens littéral du terme puisqu’elle est la première afro-américaine à y accéder, note la revue. Michelle Obama est par ailleurs « une icône de la mode et la mère athlétique de deux enfants ». Fortement investie dans les affaires familiales des militaires américains, elle serait une Jackie Kennedy avec un diplôme de droit de Harvard et le bon sens populaire issu des rues du South Side de Chicago, estime Forbes.
La puissance de la first lady est la résultante de son passé professionnel à Chicago, de son image de femme qui a su allier vie familiale et carrière, du modèle qu’elle constitue pour les Afro-américaines et d’icône de la mode qu’elle est devenue.
Plus qu’une première dame
Barack Obama, au soir de sa victoire le 4 novembre 2008, la décrivait comme « (sa) meilleure amie depuis 16 ans, le roc sur lequel repose (sa) famille, l’amour de (sa) vie, la prochaine première dame de la nation ». Dès le début, ses attributions dépassaient ceux d’une first lady classique. Les missions et ambitions officielles de Michelle Obama : apporter son soutien aux familles des militaires, lutter contre l’obésité et faire adopter à ses compatriotes de bonne habitudes alimentaires et aider les femmes à trouver un équilibre entre leur vie familiale et leur carrière. A l’instar de son époux, la première dame promeut également le bénévolat. En juin 2009, Barack Obama lançait « Unis pour Servir » (United We Serve). « Servir autrui, cela fait partie de ma vie de plusieurs façons, et c’est quelque chose qui m’est cher », dixit Michelle Obama.
Tout comme son initiative contre l’obésité infantile Let’s move, Michelle Obama est entrée dans le quotidien, mieux dans l’assiette des Américains tout en les rassurant. La première dame ne cesse de mettre en avant son expérience personnelle. Deux parents trop occupés pour veiller à la bonne alimentation de leurs filles, Sasha et Malia, nées respectivement en 1998 et en 2001, et qui réalisent soudain que grâce à quelques changements dans leurs habitudes alimentaires, la catastrophe (alimentaire) peut-être évitée. D’ailleurs, grâce à elle, des multinationales agroalimentaires comme Coca-Cola, Kellogg et General Mills ont promis de réduire le nombre de calories contenus dans leur produits d’ici à 2012.
Une femme de réseau
Outre son costume de première dame, elle a l’oreille de Barack Obama. Son parcours le justifie. Michelle Obama, née Robinson, qui a fait son entrée à la Maison Blanche à l’âge de 41 ans, est pourtant la plus jeune first lady qu’aient connue les Etats-Unis. Elle a décroché une licence en sociologie à Princeton, où elle est admise en 1985, et est diplômée de la faculté de droit de l’université Harvard. A sa sortie, Michelle Obama travaillera pour le cabinet d’avocats Sidley & Austin, où elle y devient le mentor de Barack Obama, avant d’être recrutée à la municipalité de la ville. C’est le début de son engagement au service de la communauté, une démarche dont elle assure la promotion auprès des jeunes avec l’association « Public Allies – Chicago » qu’elle a créée et dirigée.
Cette vocation pour le service public, Michelle Obama la doit à Valerie Jarrett, qui fut son mentor. Dans les années 90, alors que celle-ci travaille pour le maire de Chicago, Richard Daley, elle convainc la première dame de se servir l’administration. Le réseau de Jarrett à Chicago sera d’une grande aide pour la carrière politique de Barack Obama que Michelle Robinson épouse en 1992. Devenue l’amie du couple Obama, Valerie Jarrett, mettra au service du futur sénateur et président américain, la « nébuleuse démocrate et son immense réseau de levée de fonds électoraux » et lui ouvrira les portes de « l’aristocratie et de l’intelligentsia noires de Chicago ». Conseillère et assistante en charge des relations intergouvernementales et des prestations publiques de Barack Obama, ce pilier de la communauté noire de Chicago est l’une des plus écoutées par le Commandant en chef.
Mère, femme active et afro-américaine
Comme le slogan qui a rendu célèbre le candidat Obama, « Yes, we can », et remis à l’honneur par la campagne pour les élections de mi-mandat, Michelle Obama est une femme qui prouve aux femmes, et plus particulièrement aux Afro-américaines, que rien ne leur est vraiment impossible. La first lady aime à raconter l’histoire de cette petite fille de 10 ans, rencontrée en Caroline du Nord pendant la campagne, qui disait que si Barack Obama était élu à la Maison Blanche, « il n’y aura pas de limites à ce que je peux imaginer pour moi-même ».
Michelle Obama estime que cela vaut également pour elle. « Je ne suis pas censée me trouver ici aujourd’hui. Je suis une curiosité statistique. Une Noire qui a grandi dans les quartiers sud de Chicago. Etais-je censée aller à Princeton ? Non. On disait que la faculté de droit de Harvard était peut-être trop difficile pour moi », déclarait-elle dans le magazine Newsweek. Une curiosité statistique qui confirme que l’on peut concilier vie professionnelle et vie familiale, même si on néglige parfois l’équilibre alimentaire de sa famille. Autodéclarée « maman en chef » pour ses enfants, Michelle Obama tente toujours d’être l’illustration de cette prouesse que, selon elle, beaucoup d’Américaines dans sa situation accomplissent déjà.
En outre, la représentation de la famille que véhicule les Obama sont un baume pour l’image écornée – pères absents et enfants (dé)laissés à la charge de mères souvent matériellement et émotionnellement démunies – que renvoie la communauté noire. Il en est de même pour les clichés qui entourent la femme afro-américaine. Le surpoids, l’agressivité et l’hypersexualité, mis en avant dans les clips musicaux, en seraient les principales caractéristiques. Michelle Obama en est le percutant démenti.
Cerise sur ce gâteau de bons points récoltés par la first lady à la taille de mannequin : la presse féminine l’a fait icône de la mode, au même titre que la comédienne Sarah Jessica Parker (alias Carrie Bradshaw dans la série et le film Sex and the city), avec laquelle elle a fait campagne ce lundi à Broadway. Les articles sont nombreux pour vanter à la fois sa simplicité, quand elle s’offre des vêtements Gap, qu’elle réutilise des accessoires ou ses tenues, et sa sophistication. On dit souvent du président américain qu’il est l’homme le plus puissant de la planète, Michelle Obama démontre que ce qualificatif peut aussi se rapporter à la première dame des Etats-Unis.
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