Comme le dit le vieux dicton « Après danse, tambour lourd ». Est-ce le slogan auquel se rallient certains Haïtiens quelques jours après le carnaval ? Les Haïtiens pensaient se relaxer après ce beau carnaval… Mais leur relaxation est devenue un moment de stress, à cause de problèmes politiques. Certains leaders se battent encore pour le pouvoir, malgré l’élection de Michel Martelly à la présidence il y a un an. Ils n’acceptent pas leur défaite et n’admettent pas son élection…
Ce serait peu dire que ce Président ne fait pas l’affaire des Haïtiens qui l’ont élu… Mais il fait face à une opposition politique croissante, de la part de certains sénateurs qui veulent freiner ou gêner son action. L’un des principaux arguments avancés est celui de sa nationalité… Est-il ou non Haïtien ? Est-il citoyen américain ?
Le Président Martelly montre tous ses passeports…
D’où la scène baroque à laquelle le peuple haïtien a assisté jeudi 8 mars 2012 : le Président de la République s’est rendu devant une Commission sénatoriale pour présenter son passeport en cours de validité et ses 7 passeports précédents, qui établissent qu’il n’a pas cessé d’être un citoyen haïtien toute sa vie, quel qu’ait été son lieu de résidence à tel ou tel moment de sa vie… Puis il a répété à 16h00 ce geste devant les caméras de la télévision haïtienne, afin de démontrer au peuple haïtien tout entier qu’il était bien digne d’être élu Président !
Le message ainsi délivré était clair : contre toutes les rumeurs et toutes les polémiques gratuites, en prouvant qu’il est bien le Président légitime du pays et en appelant à la réconciliation nationale, Michel Martelly a souhaité enrayer la hausse de l’insécurité au cours des dernières semaines. Ce même jeudi, dans une atmosphère très violente, des personnes ont été agressées sur la route de l’aéroport de Port-au-Prince et en plusieurs endroits du pays…
Rumeurs et insécurité
Les rumeurs avaient couru toute la journée sur l’hypothétique arrestation de l’ancien Président Aristide, accusé de trafic de drogue par les Américains. Son ancien collaborateur, Jacques Quetan est, par ailleurs détenu dans une prison américaine depuis plus de six ans, pour le même motif. La confusion générale dans la capitale Port-au-Prince était accentuée par le petit tremblement de terre qui l’avait secouée à nouveau vers 21h30, mercredi 7 mars 2012.
La dégradation de la situation sécuritaire conduirait même les Américains à envisager de rapatrier calmement une partie de leurs ressortissants présents à Haïti, tandis que la frontière avec la République dominicaine s’est vue fermée au cours de la journée du 8 mars.
« Naje pousoti » : « sauve-qui-peut ! »
Nombreux pensent que « Ayiti sa noufe nap peye » (Haïti est punie sans avoir commis de faute… ) et qu’il est temps de reconstruire dans l’unité, plutôt que de poursuivre des luttes politiciennes. Il faut concentrer l’énergie de chacun sur les objectifs de développement du pays, et non accentuer les divisions les rivalités et les ambitions personnelles : telles sont en effet les attentes populaires aujourd’hui. « Naje pousoti », « sauve qui peut », voilà plutôt le slogan qui l’emporte, tandis qu’Haïti hésite entre deux options opposées : la réconciliation ou la guerre civile !
Haïti se trouve dans un abime économique et tout citoyen haïtien devrait prendre conscience de la situation pour contribuer au développement économique, social et culturel du pays. Si les Haïtiens ne le font pas, personne ne viendra le faire à leur place et le pays s’enfoncera dans une forme d’auto destruction suicidaire.
C’est pourquoi le Président Martelly a accepté de se prêter à cette exhibition un peu surréaliste de ses passeports successifs : l’objectif pour lui reste le même, conduire la réconciliation nationale et accélérer la croissance et le développement économique et industriel. Haïti a besoin de stabilité. Notamment sur le plan politique.