Michael Minko, 21 ans, en terminale à Libreville, est l’un des heureux journalistes de Radio Emergence, une station éducative créée en juillet 1997. Rencontre avec un promoteur passionné des médias gabonais.
Afrik : Quels sont les objectifs de Radio Emergence ?
Michael Minko : Eduquer, sensibiliser la population, surtout la population jeune, sur tout ce qui contribue à la rendre plus consciente, plus responsable, plus active : sport, culture, santé, éducation, économie, médias, voilà les sujets que nous traitons -à l’exclusion de tout sujet politique.
Afrik : Par exemple, que ferez-vous sur ce Colloque international qui se tient à Libreville ?
Michael Minko : Nous allons réaliser une émission spéciale sur le Colloque, au lendemain des conclusions, relayer ce qui aura été dit sur le rôle des médias en Afrique et sur la place que les journalistes y occupent. La population est très peu informée, elle ne s’intéresse pas énormément, surtout les jeunes, aux actualités politiques et administratives qui lui sont données. Le volet purement institutionnel de l’information sur les médias publics n’attire pas les jeunes générations : voir se succéder à l’écran les audiences présidentielles et les discours ministériels, cela ne suscite pas un grand intérêt. Propos protocolaires et images convenues… Même si les chaînes privées, comme TV Plus, commencent à changer cette culture de l’information d’Etat… A Radio Emergence, nous avons justement la volonté de trouver des pistes pour la sensibiliser et intéresser les jeunes à la vie politique, qu’ils n’aient plus peur des caméras…
Afrik : Peur des caméras ?
Michael Minko : Bien sûr, les Gabonais ne sont pas encore accoutumés à la présence des caméras et des micros. Ils ont le sentiment d’un viol de leur intimité, donc d’un danger dès qu’ils entrent dans le champ d’une caméra. Ils ne sont pas encore habitués à une société où les images se banalisent. Les hommes de médias doivent faire comprendre à la population à quoi ils servent et ce en quoi leur fonction sociale peut améliorer le quotidien des Gabonais. En clair, ce qu’ils leur apportent.
Afrik: Comment comptez-vous vous y prendre ?
Michael Minko : Il faut que les journalistes aillent vers la population, aillent dans les bas quartiers, fassent parler leurs habitants, touchent du doigt les réalités sociales, les problèmes quotidiens. On ne peut pas parler des choses vécues tous les jours par nos concitoyens uniquement à travers des statistiques ou des rapports administratifs. Il faut aussi écouter les témoignages et les prises de parole. Par exemple si l’on considère les maladies sexuellement transmissibles et en particulier le sida, nous devons essayer d’avoir des témoignages et de faire parler des malades. De ce point de vue, Radio Emergence a un rôle tout à fait particulier à jouer, parce qu’elle s’adresse aux jeunes : nous sommes systématiquement partenaires de toutes les opérations de sensibilisation qui sont menées pour que les jeunes se protègent. Nous avons 3 ou 4 émissions santé sur la grille, et elles abordent régulièrement le sida. L’année dernière, ma première collaboration avec Radio Emergence a d’ailleurs été d’organiser en tant que Président du fan club de la radio une grande conférence sur le sida au lycée national Léon Mba de Libreville.
Afrik: En somme, vous croyez à une véritable » mission » du journaliste ?
Michael Minko : J’aimerais me spécialiser dans la couverture de l’actualité politique. Non pas devenir moi-même homme politique, mais contribuer, en tant que journaliste, à l’animation d’un véritable débat politique gabonais, qui puisse davantage impliquer les jeunes. Les jeunes doivent s’intéresser aux problèmes politiques et aux enjeux médiatiques, parce que ce sont eux qui représentent l’avenir du pays et que c’est dans leur pays que leur avenir va se construire. Ce n’est peut-être pas une vocation, mais c’est déjà une conviction.