Un notable touareg a été tué dimanche à Léré, à Tombouctou. Des civils armés de bâton l’auraient battus à mort dans son sommeil. Contacté par Afrik.com, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pointe du doigt l’armée malienne.
Fin de l’accalmie à Tombouctou? Le meurtre est particulièrement crapuleux. Ses assassins ne lui ont en effet laissé aucune chance. Abdoulaye Ag Mohamed Ali a été battu à mort par des hommes armés, alors qu’il dormait. Accompagné de son frère d’ethnie arabe, qui a été lui torturé, il n’avait jamais imaginé qu’il avait rendez-vous avec la mort, alors qu’il s’était rendu à Léré, dans la ville sainte, pour voter lors de la Présidentielle de dimanche. L’armée malienne serait-elle à l’origine de cette élimination du Touareg? En tous cas, contacté par Afrik.com, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) la soupçonne d’être impliquée dans cet assassinat, arguant qu’elle avait arrêté Abdoulaye Ag Mohamed Ali la veille de son meurtre. Information que l’armée malienne a d’ores et déjà réfutée.
« C’est malheureux que le meurtre ait eu lieu le jour de l’élection présidentielle alors que lui et son compagnon était venu à Léré dans le but d’aider le maire, qui les a sollicités pour organiser les élections, afin qu’elles se déroulent au mieux», a confié le représentant du MNLA en Europe, Moussa Ag Assarid à Afrik.com. « Suite à cet assassinat qui pourrait être l’oeuvre de l’armée malienne, nous réclamons immédiatement une enquête pour éclaircir les circonstances de la mort d’Abdoulaye Ag Mohamed Ali », a souligné le porte-parole de la rébellion. D’après lui, la mission de l’Onu au Mali est en train d’envoyer une équipe sur les lieux du crime pour débuter l’enquête.
Vers un regain de violences?
Il faut dire qu’Abdoulaye Ag Mohamed Ali, notable de formation, n’est pas un citoyen lambda, puisqu’il est le frère du ministre sortant de l’Artisanat et du Tourisme, Yéhia Ag Mohamed Ali. Ce dernier était le rapporteur de la commission de négociation des accords de Ouagadougou. Plusieurs voix se sont levées pour dénoncer ce crime jugé odieux. A commencer par celles de sa famille qui évoque des « circonstances tragiques », assurant qu’une enquête a été ouverte par les autorités du pays. Le maire de Léré qui s’est confié à RFI, a aussi condamné le meurtre. Meurtre qui, selon lui, pourrait dissuader les déplacés, qui avaient fui la commune pour se réfugier en Mauritanie, de rentrer chez eux, après la prise du nord par les groupes armés terroristes.
Selon le responsable local, « en tant que maire de ma commune, je condamne cet acte barbare. Je le condamne fermement. C’est la paix que nous demandons aujourd’hui pour notre pays et précisément pour ma commune. Depuis mon arrivée au pouvoir, j’ai l’espoir de ramener toute la population dans le pays et que nous puissions tous vivre ensemble, en paix. Ce sont ces genres d’actes qui empêchent la population de revenir. Je n’aimerai pas que ce genre d’acte se répète dans ma commune et surtout pas quand il s’agit d’innocents.»
Tombouctou avait renoué avec l’apaisement depuis que les groupes terroristes ont été chassés de la région par les troupes françaises et africaines. Mais ce meurtre pourrait bien provoquer un regain de tension entre les rebelles du MNLA et l’armée malienne.