Comment en finir avec les bidonvilles à Casablanca ? La réponse marocaine est aussi radicale qu’ambitieuse : consacrer 4 milliards de dirhams sur cinq ans à l’éradication des bidonvilles et la réhabilitation des logements insalubres de la ville blanche.
Casablanca, capitale économique du Maroc, est défigurée. 20% de la ville est occupée par des bidonvilles. Et les 100 000 familles, qui s’entassent dans les logements insalubres, vivent dans la plus grande précarité. Une situation catastrophique qui préoccupe Driss Jettou, ministre de l’Intérieur, Mohamed M’Barki, secrétaire d’Etat à l’Habitat et Driss Benhima, wali de Casablanca, réunis lundi 10 juin avec des élus et des représentants de l’autorité locale pour faire le point sur le Plan local de l’habitat et du développement urbain (PLHDU). Réunion fructueuse. Un plan d’urgence sur cinq ans vient d’y être décidé pour éradiquer les bidonvilles et lutter contre l’habitat insalubre. Vaste projet qui devrait engloutir 4 milliards de dirhams (385 millions d’euros) pour la seule ville de Casablanca.
Surveiller et punir
Dans la ligne de mire des autorités, les bidonvilles bien sûr, mais aussi les logements clandestins qui se sont développés anarchiquement au moment de l’exode rural. Le programme prévoit le relogement pur et simple des familles ou la restructuration de logements, c’est-à-dire le remplacement de l’habitation insalubre par une construction aux normes. Solution privilégiée puisqu’elle évite d’éloigner les familles de leurs centres d’activité. Avec une nouveauté par rapport aux politiques antérieures : une action au cas par cas pour cerner au plus près les besoins de chaque localité.
Le projet n’oublie pas non plus la répression à l’encontre des responsables de cette situation. Le ministre de l’Intérieur a exprimé sa détermination à traduire devant la justice » ceux qui profitent de leur fonction d’élus ou de représentants de l’autorité pour spéculer » sur les bidonvilles et exploiter la pauvreté et la naïveté des citoyens.
Le financement de ce vaste programme est d’ores et déjà prévu, assure-t-on au secrétariat d’Etat. Les recettes de la taxe sur le ciment qui s’élèvent à 600 millions de dirhams par an, devraient être entièrement consacrées à la lutte contre l’habitat insalubre. Mais déjà des voix s’élèvent pour réclamer leur part. Certains élus locaux estiment que la définition des logements insalubres est trop restrictive. Et que certaines habitations tout à fait légales mériteraient également de faire partie du plan d’urgence. De quoi compliquer singulièrement la tâche des autorités marocaines.