Mesures anti-Coronavirus en Angola : pourquoi certains policiers ont-ils la gâchette si facile ?


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Angola police

Deux nouvelles personnes viennent de tomber sous les balles de la police angolaise pour être sorties de leur domicile pendant que l’état d’urgence est en vigueur. Cela porte à cinq le nombre total de personnes abattues par la police à l’occasion de la mise en œuvre des mesures anti-Coronavirus.

Lundi dernier, la police angolaise a, une fois de plus, tiré à balles réelles sur des citoyens angolais qui ont succombé. L’information relayée hier, mardi, par des syndicats, a été confirmée par les autorités du pays. En effet, l’une des victimes, Lazarino Dos Santos, était un leader syndical, secrétaire national du Syndicat des enseignants et travailleurs de l’enseignement non universitaire (Sinptenu). « Lazarino Dos Santos, a été tué par balles à la porte de sa maison, lundi soir, par deux agents de la police à moto, sans justification », a confié Avelino Calunga, président du syndicat à l’AFP. Si Lazarino Dos Santos est mort sur le coup, son voisin avec lequel il discutait devant la porte de sa maison a d’abord été conduit à l’hôpital où il a fini par s’éteindre.

S’exprimant sur l’affaire, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Waldemar José, a indiqué que « la police a récupéré le corps du jeune dirigeant syndical et inspecté la scène du crime », avant d’ajouter qu’une enquête permettra de déterminer les auteurs de cet acte.
Il importe réellement que cette enquête aboutisse pour freiner ces hommes en uniformes qui, dans leur élan assassin, ont déjà ôté la vie à cinq citoyens angolais dont un jeune de 17 ans et un autre de 21 ans, depuis la déclaration, en mars, de l’état d’urgence sanitaire par le Président Joao Lourenço qui a également imposé un couvre-feu et interdit les rassemblements.

S’il est vrai que dans beaucoup de pays africains, des violences policières ont été observées dans le cadre de l’application des mesures restrictives pour limiter la propagation du Covid-19, il faut également reconnaître que l’Angola bat le triste record du nombre de personnes assassinées par les forces de l’ordre qui sont censées protéger les populations et non les abattre. Une formation semble donc s’imposer à ces forces de l’ordre qui, apparemment, ignorent totalement le rôle qui est le leur dans un Etat qui se veut de droit : assurer la sécurité des citoyens et non les terroriser; protéger les populations et non les abattre. La balle est dans le camp des autorités angolaises.

Il faut préciser qu’à l’heure actuelle, l’Angola figure parmi les pays les moins touchés du continent puisqu’il ne dénombre que 71 cas de contamination dont 4 décès et 18 guérisons.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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