C’est l’histoire d’un des plus prestigieux médias au monde remercié chaleureusement par un commandant zimbabwéen. L’histoire d’une de ces étrangetés qui font le charme de l’actualité internationale, au vu des relations amour/haine qu’entretiennent toutes les armées du monde avec le quatrième pouvoir.
Et pourtant gageons que la gratitude du Major Lizwe Nyathi envers la BBC n’est nullement feinte. Pourquoi ? Parce qu’une bourde de la célèbre radio britannique lui a permis de sauver sa peau ainsi que celle de ses hommes. Le contingent de 168 soldats zimbabwéens, membre du corps expéditionnaire envoyé en République Démocratique du Congo (RDC) pour soutenir le régime de Laurent-Désiré Kabila, avait été encerclé pendant un an dans la ville d’Ikela par les rebelles et leurs alliés rwandais et ougandais.
Les adversaires du Major Lizwe Nyathi avaient écouté la radio britannique estimant le nombre des assiégés à 2 500. Ce qu’ils ignoraient, c’est que les chiffres avaient été largement surestimés par la BBC. Ils avaient hésité, massé jusqu’à 7 000 hommes autours d’Ikela, tenté quelques attaques. Puis, démoralisés à l’idée d’affronter plusieurs milliers d’hommes solidement retranchés, les rebelles avaient levé le siège devant une ville… privée de vivres et de munitions.
Le Major Lizwe Nyathi a été décoré par la RDC, comme il sied aux héros des épopées guerrières comme Davy Crockett dans Ford Alamo, Bonaparte sur le pont d’Arcole ou Mohamed Ben Abdelkrim Khattabi, retranché dans son Rif natal face aux troupes françaises et espagnoles. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est ce qu’il est advenu du journaliste qui a balancé l’info. Frustrant.