Après trente-deux heures de siège de la résidence Belle-Paul, Mohammed Merah est mort le 18 avril 2012, les armes à la main. C’était sa dernière volonté, « J’aime la mort autant que vous aimez la vie », affirmait-il. Malgré la volonté du Raid, de le capturer vivant lors de l’assaut lancé dans son appartement au 17 rue Sergent-Vigné, « le tueur au scooter » a préféré mourir en martyr au lieu de se rendre. Les policiers ont été contraints de l’abattre.
Comme l’explique le livre « Si vous aimez la vie, j’aime la mort », la brigade d’intervention a tout fait pour avoir Mohammed Merah vivant, quitte, parfois, à ne pas riposter à ses coups de feu. D’ailleurs c’est « Moha », du surnom que ses amis des Izards (quartier résidentiel de Toulouse) lui ont donné, qui ouvre le feu, sans sommation d’usage, blessant plusieurs policiers dont un grièvement. Pour autant, est-ce que les sept assassinats du « tueur au scooter » faisaient de lui un terroriste en puissance ?
Du 11 au 19 mars, Mohammed Merah s’est transformé en sérial killer. Armé de son Colt 45 calibre 11,43 mm, il tue d’abord un sous-officier (d’origine arabe) du 1er régiment du train parachutiste à Toulouse, puis trois autres parachutistes abattus à Montauban le 15 mars, enfin trois enfants et un père à l’école toulousaine Ozar Hatirah le 19 mars. A se demander si « le tueur au scooter », décrit comme un « détenu parfait » sans « aucune agressivité dans son comportement », est vraiment le terroriste qu’on veut nous vendre.
D’autant plus que Moha « n’abordait aucun de ces signes ostensibles du look salafiste, comme la barbe et les pantalons au ras du mollet », signale son éducateur. Certes, il s’est mis à parler d’Allah et à lire le Coran lors de son second séjour à la prison de la Cantonade cela ne fait pas de lui un terroriste en puissance. Pas même sa collection impressionnante d’armes à feu.
Un petit voyou de la cité des Izards ?
D’autant plus que ce livre n’apporte aucune preuve irréfutable qui atteste de l’appartenance de Mohammed Merah aux mouvances islamistes. Comme le soulignent Jean-Manuel Escarnot (Libération) et Franck Hériot (Crimes et Châtiments), les deux journalistes co-auteurs du livre, rien ne lie totalement Mohammed Merah, ce jeune Franco-Algérien de 23 ans, à la nébuleuse Al Qaida. Pas même ses deux voyages dans les zones tribales qui séparent l’Afghanistan du Pakistan. Seuls les dires du « tueur au scooter » établissent non pas son engagement mais son attachement aux doctrines de Ben Laden.
Même si Mohammed Merah a rencontré les Talibans au Pakistan, cela ne fait pas de lui un disciple de ce mouvement. « Le fait que Mohammed Merah ait profité d’un entrainement particulier de quelques jours au Waziristan, et non plusieurs mois au sein d’un groupe, ne fait pas de lui un djihadiste d’Al Qaida.», déclare anonymement un ex-patron du renseignement intérieur. C’est peut-être pour ces raisons que les services secrets français ne l’ont pas incarcéré lors de son renvoi en France début décembre 2010 par les agents de renseignement américains.
Si Mohammed Merah n’est pas un terroriste d’Al Qaida, il a pourtant assassiné sept personnes, en se targuant d’être « un moudjahiddin ». Par ailleurs, le petit voyou de la cité des Izards adorait paraphraser Ayman Al-Zawahiri, l’un des principaux lieutenants de Ben Laden. Il a peut-être commis tous ces meurtres pour se venger de la société française qui n’a pas réussi, selon lui, à l’intégrer lorsqu’il a candidaté au poste d’information et de recrutement de la Légion étrangère, ou lorsqu’il est remis en prison pour conduite sans permis, sans assurance et refus d’obtempérer. Pour l’heure, le « tueur au scooter » a agi seul comme « un loup solitaire ». Puisque personne ne sait comment Moha a financé ses multiples voyages au Moyen-Orient or il ne gagnait que 400 euros par mois pour 350 euros de loyer.
L’explication de son acte réside peut-être dans sa vie en marge de la société, sans doute perturbée par ses cinq passages en foyers depuis l’âge de dix ans et ses dix-neuf mois de prison (de décembre 2007 à septembre 2009), où il a tenté de se suicider.
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