Menara Junior, c’est le site des enfants marocains. L’idée est inédite au Maroc et on la doit à Khalid Fensab, responsable de cette rubrique du portail marocain Menara. Plus d’un million de pages lues en près d’un an d’existence et plusieurs centaines de contributions émanant des petits Marocains que Khalid s’emploie juste, selon lui, à aiguiller.
Menara Junior ! Vous l’avez certainement compris, c’est la déclinaison, destinée aux enfants de…7 à 77 ans, du célèbre portail marocain Menara (le site web de Maroc Telecom). A l’origine de cette heureuse initiative, qui est une première dans le royaume, Khalid Fensab, journaliste et animateur du module Menara Junior. Son projet, il l’a soumis en mai 2004 aux responsables du portail marocain. Le site est officiellement lancé trois mois plus tard, le 27 juillet. Sous sa houlette, Menara Junior a réussi à conquérir, en plus d’un an – le site a totalisé 1 224 000 de pages lues -, le cœur des petits Marocains et de leurs parents. Leur contribution est inestimable, rien que sur la rubrique ‘Le Petit Picasso’, Sieur Fensab, qui tient minutieusement ses statistiques, a reçu plus de 600 contributions dont la moitié a été retenue. Le site s’articule autour de trois parties. La colonne de gauche s’adresse plus spécifiquement à des adolescents, entre 10 et 18 ans et la partie de droite à leurs benjamins, entre 6 et 10 ans. Au milieu se trouve ‘Aujourd’hui à la une’, qui s’adresse à un public adulte, notamment les enseignants et les parents qui contribuent aussi à la vie du site. La majorité des visiteurs de Menara Junior a entre 10 et 14 ans.
Un site interactif
Menara Junior, c’est une jolie charte graphique et plusieurs rubriques dont le principe est fondé sur l’interactivité. Khalid Fensab est un homme véritablement à l’écoute de ceux qu’il appelle désormais ses amis. Pour certains, à force, il est devenu un grand frère avec qui l’on peut discuter en toute liberté. « J’essaie de gommer la différence d’âge qu’il y a entre nous. Au bout d’un an, je peux dire que les enfants sont super – comme si l’on pouvait en douter -, il faut seulement les écouter. Nos enfants ont beaucoup de choses à dire et à partager ». Il se qualifie d’ailleurs lui-même « d’enfant de 33 ans : je suis un adulte qui n’arrive pas à se départir du côté enfant qui est moi », poursuit-il d’une voix rieuse. C’est plutôt un atout quand on se met à leur service comme il le fait aujourd’hui. Avec eux, le contact est plus que permanent grâce au chat. Les enfants sont en définitive les maîtres à bord. Leurs remarques sont les bienvenues et surtout souhaitées.
Surtout quand il s’agit du réseau de mini journalistes, ils sont une centaine à animer la rubrique éponyme. « Je leur propose un sujet ou une question sur laquelle je les invite à travailler », explique Khalid. Et il essaie de leur inculquer une démarche particulière : l’écriture « pour l’espoir » ! « Car les journalistes ne le font pas toujours. J’apprends à l’enfant à exposer le problème et à trouver des solutions ». Bien évidemment, il réécrit les documents de ces petits collaborateurs et contributeurs. Notamment leurs petites blagues que l’on retrouve dans la partie ‘Sourire & sourire’. L’un d’eux lui a d’ailleurs envoyé, pour le compte de la rubrique ‘Dis moi une citation’, une petite perle qu’il n’a absolument pas eu besoin de remanier. « On va être heureux comme un gâteau ! ». La citation est à retenir.
Donner l’opportunité aux enfants de s’exprimer
L’information émane donc des enfants et pour réaliser cette prouesse, le journaliste est toujours à l’affût. Et il est passé maître dans l’art de donner confiance et de donner envie à ces petits internautes de contribuer à la vie de ce site qui est incontestablement le leur. Le journaliste explique, par exemple, sa démarche sur la rubrique ‘Le Petit Picasso’. « Au départ, j’organisais des ateliers à thème dans la périphérie de Casa. Les enfants s’expriment donc sur thématique particulière. Et ils font des choses merveilleuses. Je demande aussi à mes amis enseignants d’animer des ateliers de dessin et encourage les professionnels, lors de salons, à stimuler la créativité des enfants. J’anime aussi des ateliers dans des associations qui travaillent avec les enfants et je les encourage à m’envoyer leurs meilleurs éléments. J’incite également les parents à développer la créativité de leur progéniture. Depuis très récemment, je reçois des dessins assistés par PAO parce qu’il n’est pas toujours aisé pour les enfants de scanner leur oeuvre ». Khalid participe donc à toutes les rencontres qui concernent l’enfance en se déplaçant dans le pays. Cela est d’autant plus important que lui, qui est très proche du réseau marocain des enseignants et des écoles, est conscient du fait qu’il n’est pas donné à tous les enfants de disposer d’un ordinateur, outil avec lequel il communique avec eux.
La rubrique des ‘Enfants des Marocains Résidents à l’Etranger’ est un exemple patent de cette chasse perpétuelle à l’information. Khalid Fensab est rentré, encore une fois, en contact avec les associations opérant dans le domaine. Tout cela fait de Menara Junior, un site vivant où les enfants peuvent discuter entre eux à travers la rubrique ‘Y’a pas de secrets’ ou communiquer en rejoignant celle de ‘Mes amis’. Là encore, Khalid veille au grain. Tous les messages sont contrôlés pour protéger les enfants de toutes les dérives, pédophiles entre autres. Fin septembre, Menara Junior sera également disponible en arabe à la demande de ces chers internautes. En plus des rubriques déjà existantes, le site sera enrichi. Pour le plus grand plaisir des plus jeunes auxquels Khalid voue une affection sans bornes. Ses sept frères et sœurs l’ont bien compris, ils n’hésitent pas à lui confier ses neveux, et ses collègues de travail, leurs enfants. Et le déplacement en vaut toujours la peine pour ces derniers. « Je leur fais actualiser le site ou je leur demande de m’aider à faire des petits commentaires dans la rubrique ‘Le click comique’ . C’est magique ce qui se passe avec les enfants. En fait c’est eux qui font tout le travail », affirme modestement le journaliste marocain. On le croit volontiers : un site si mignon ne peut qu’être l’œuvre de chérubins.