Les travailleurs des secteurs privé et parapublic du Gabon avaient menacé, il y a quelques jours, de lancer une grève générale de cinq jours, pour compter de demain, jeudi 23 janvier 2020, afin de protester contre le projet de révision du Code du travail. Le mouvement de grève aura-t-il effectivement lieu ? La question mérite d’être posée puisque le gouvernement a choisi de dialoguer seulement avec une frange de syndicats « réformistes » dits majoritaires, adressant des propos sévères à l’aile “contestataire” dite minoritaire.
Pour essayer de désamorcer le mouvement de débrayage prévu par les syndicalistes, du 23 au 27 janvier 2020, le gouvernement gabonais a initié un dialogue avec le monde syndical. Seulement, ce dialogue n’est pas inclusif, puisqu’il exclut les syndicats “contestataires”, minoritaires, en privilégiant les “réformistes” qui sont majoritaires. Mieux, l’Exécutif n’y va pas de main molle avec les contestataires. Le signal a été donné par le Premier ministre, Julien Nkoghe Bekalé, hier, sur son compte Twitter : « La démocratie n’est pas synonyme d’anarchie. Le développement d’un pays se fait dans le respect des autorités établies et de l’ordre public ».
A sa suite, le ministre des Affaires étrangères, Alain Claude Bilie-Bye-Nze, est aussi monté au créneau : « La stratégie du chaos ne peut être la seule réponse à la crise dans notre pays. Ceux qui font ce choix doivent savoir que le chaos n’est pas une obligation. Il engendre au contraire une violence qui s’installe durablement. Le dialogue, rien que le dialogue (…) N’exister que par contestation peut être une option de vie, mais contester n’a jamais rien construit. Je le redis, le chaos n’est pas une obligation », lit-on sur son compte Twitter.
Alain Claude Bilie-Bye-Nze est allé plus loin : « Minoritaires, les syndicats contestataires tentent de combler leur manque de représentativité par un surcroît de visibilité. Ils multiplient par conséquent les conférences de presse afin que leurs messages soient relayés par les médias et amplifiés ».
En adoptant cette attitude, le gouvernement gabonais, qui entend ainsi exploiter les divergences entre les syndicats, ne jette-t-il pas de l’huile sur le feu ? N’encourage-t-il pas plutôt le bras de fer ? Les heures qui suivent nous édifieront.