Mayotte est au centre des tensions entre la France et les Comores. Tandis que Paris affirme sa souveraineté, la « comorianité » continue d’être revendiquée, reflet d’un lien culturel et historique indélébile.
Cinquante ans après le référendum de 1974, qui a vu Mayotte se démarquer du reste des Comores pour rester française, les débats autour de son appartenance n’ont jamais cessé. Entre histoire commune, enjeux culturels et politiques, et revendications sur la scène internationale, Mayotte reste au cœur des discussions. Mais que signifie réellement cette « comorianité » que certains revendiquent encore aujourd’hui ?
Un référendum contesté et ses conséquences
En 1974, le référendum pour l’indépendance de l’archipel des Comores a été organisé par la France, mais les résultats, comptabilisés île par île au lieu d’être globaux, ont marqué un tournant. Tandis que trois îles (Grande Comore, Mohéli, et Anjouan) optaient pour l’indépendance, Mayotte choisissait de rester sous souveraineté française. Cette décision, considérée par les Comoriens comme un « coup d’État démocratique », a ouvert une plaie politique et identitaire qui perdure.
Malgré les frontières administratives, les liens entre Mayotte et les autres îles des Comores restent profonds. Partageant langue, religion et traditions, les habitants de l’archipel vivent encore comme un peuple uni. La langue shiKomori, les coutumes matrimoniales et l’islam sunnite de rite chafiite en sont des exemples marquants. Ce tissu culturel commun alimente l’idée que Mayotte demeure une partie intégrante des Comores.
La solidarité au-delà des frontières
Les catastrophes naturelles, comme le cyclone Chido, ont révélé une solidarité vivante entre les îles. Des aides spontanées entre Comoriens de Mayotte et des trois autres îles rappellent l’existence d’une communauté unie par l’histoire. « Les frontières coloniales n’ont jamais réellement séparé les familles et les traditions », explique le sociologue Msa Ali Djamal.
Sur la scène internationale, les Comores réaffirment inlassablement leur souveraineté sur Mayotte. Portée par les Nations unies et des résolutions comme la 33/83, cette revendication repose sur des principes de droit international et d’unité territoriale. Pourtant, la France, en intégrant Mayotte comme région ultrapériphérique de l’Union européenne en 2011, a renforcé les divisions.