Dans les notes envoûtantes de la musique congolaise réside l’héritage immortel de Maxime Mongali, également connu sous le nom d’Idi Mane. Au-delà des mélodies captivantes, ce musicien et parolier émérite était un témoin actif des tumultes politiques qui ont secoué le Congo. Afrik.com vous emmène à travers le parcours de cet artiste dont la musique a tissé un dialogue intemporel avec l’histoire et la conscience sociale de son époque.
De l’enfance à la scène musicale
Le Congo résonne toujours des mélodies inoubliables de son icône musicale, Maxime Mongali, décédé le 19 juillet 1999 à Kinshasa. Il transcende le statut de simple chanteur et auteur-compositeur pour devenir le porte-étendard de la créativité congolaise et un parolier émérite.
Né le 24 décembre 1945 dans la province du Maïndombe, il est le fils d’Elisabeth Izegni Ngobanzila et de Michel Mongali Bampeli. Il passe son enfance et sa jeunesse dans la commune de Kasa-Vubu, fréquentant l’école primaire Saint Louis.
Max Mongali se distingue par son parcours scolaire brillant, étant sélectionné parmi les Congolais envoyés en Belgique, après l’indépendance, pour perfectionner sa formation dans le cadre des coopérations entre le Congo et son ancienne puissance coloniale. En novembre 1962, il débarque à Dolhain-Limbourg, en Belgique, pour entreprendre ses études à l’internat de l’Institut Saint Joseph, où il retrouve d’autres compatriotes.
En juillet 1964, il fonde l’orchestre Yéyé National à Bruxelles, exclusivement constitué d’étudiants congolais en Belgique. L’objectif principal est de pérenniser la culture congolaise et de raviver les souvenirs de la patrie à travers des productions musicales modernes. Max Mongali, doté d’un talent d’auteur-compositeur, assume la présidence de la section « chant » au sein de l’orchestre. Le succès de l’orchestre Yéyé National s’affirme avec des tubes tels que « Matinda », « Béa Béa », « Ngenge », « Esali Eddy lokola maladie », et bien d’autres. En 1966, Yéyé National organise un bal traditionnel de vacances avec pour parrains Luambo Franco et Rochereau Tabu Ley, marquant ainsi son entrée dans
la cour des grands.
En octobre 1966, Max Mongali intègre l’orchestre African Fiesta National de Tabu Ley Rochereau, mettant provisoirement fin à ses études pour se consacrer entièrement à la musique professionnelle. Il participe à des événements marquants comme la représentation du Congo à l’exposition universelle de Montréal en 1967. De retour à Bruxelles après le voyage à Montréal, Maxime reprend ses études tout en continuant son engagement avec l’orchestre Yéyé National. Doté d’une curiosité intellectuelle, il développe une connaissance approfondie, de sujets hétéroclites allant de Shakespeare à la politique
mondiale.
Zaîko langa langa et Maxime Mongali : Etape (1974)
Entre rumba et engagement politique
Né au cœur d’une période politique agitée en Afrique, Mongali a canalisé son engagement à travers sa musique dans un Congo en proie aux soubresauts de l’indépendance et des luttes pour la démocratie.
Son père, Michel Mongali, député sous la première législature du Congo-Kinshasa et ministre de la jeunesse dans le gouvernement Adoula, en 1961, fut aux côtés de Patrice Lumumba, l’un des acteurs de l’autonomie du Congo Belge.
Sa chanson emblématique « Lombonga », datée de 1968, combine un rythme « high life » ouest-africain avec un discours politique appelant à la révolution des mentalités à l’échelle mondiale. Mongali y sensibilise les opprimés à s’engager dans les luttes menées à travers le monde, citant des personnalités telles que Lumumba, Malcom X, Che Guevara, Mandela et d’autres pionniers de renom.
Son impact va au-delà des paroles de ses chansons, s’étendant à sa participation à des événements politiques et à son rôle de porte-voix de la conscience sociale. L’héritage politique de Maxime Mongali réside dans sa capacité à fusionner l’art et l’activisme, utilisant la musique comme un puissant vecteur de messages de changement et de justice sociale.
Celui qu’on appelait « Le vieux pop » nous a quitté à l’âge de 54 ans, laissant derrière lui un héritage musical intemporel. Sa mémoire perdure dans la scène musicale congolaise, ses chansons emblématiques étant reprises par de nombreux artistes. En mai dernier, son neveu l’artiste Michel Bampély et le jazzmen Tiery-F lui ont rendu hommage, en reprenant l’un de ses classiques « Le Grand Amour » dans une version jazz bossa nova. Maxime Mongali demeure une figure indélébile de la musique congolaise du XXe siècle, sa plume mélodieuse continuera son devoir de transmission aux générations futures.
Idi-Mane – Ngongi (1973)
Sources :
- Jean-Pierre François Nimy Nzonga, Dictionnaire des immortels de la musique congolaise moderne, Academia, 2012
- univers Rumba, Max, Maxime Idi Mane alias Max Mongali Bonginda Louis, universrumbacongolaise.com
- Jean Pierre Eale Ikabe, témoignage