Un accord a été paraphé, jeudi soir à Nouakchott, dix mois après le coup d’Etat. Les différents protagonistes se sont entendus pour la première fois sur la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale et la démission du président évincé, Sidi Ould Cheikh Abdallah. Une avancée pour la Mauritanie en proie à l’instabilité politique.
Après d’âpres négociations, l’accord de sortie de crise en Mauritanie a enfin été signé. Les représentants des trois grands pôles se sont officiellement mis d’accord, jeudi, à Nouakchott, sur la démission volontaire de Sidi Ould Cheikh Abdallah, le président renversé par les militaires, et la formation d’un gouvernement d’unité nationale avant la tenue des élections présidentielles prévues le 18 juillet prochain. Le Front national pour la démocratie (FNDD), une alliance de partis opposés au pouvoir militaire, le Rassemblement des forces démocratiques (RFD°, la formation d’opposition d’Ahmed Ould Daddah et le parti du général Mohamed Ould Abdelaziz, le cerveau du coup d’Etat de 2008, étaient tous réunis lors d’une cérémonie organisée parrainée par le Sénégal et la communauté internationale.
Abdoulaye Wade : le médiateur
Le président sénégalais et médiateur, Abdoulaye Wade, venu spécialement pour l’événement, a tenu à rendre « hommage » au président déchu, qui ne participait pas à cette soirée. « Il a compris- ce que les chefs d’Etat ne veulent pas comprendre – qu’entre le pouvoir et le peuple, il y avait quand même un écart. Et il a accepté qu’on consulte à nouveau le peuple sur le pouvoir. C’est un grand geste », a-t-il jugé. Tout au long du discours, les dizaines de femmes disséminées dans l’assistance ont crié le nom du général « Aziz, Aziz ! » tandis que d’autres partisans brandissaient des affiches électorales. Un clin d’œil aux Présidentielles qui devaient se tenir le 6 juin dernier et que Mohamed Ould Abdelaziz était sûr de remporter. Face à cette effervescence, le leader politique est resté impassible. Sid Ahmed Ould Rayess, son représentant, a toutefois affirmé qu’ils allaient « s’employer à mener cette transition apaisée ensemble » et travailler « à des élections transparentes ».
La communauté internationale confiante
Mohamed Al-Madani Al-Azhari, le porte-parole de Mouammar Kadhafi, le président de l’Union africaine qui avait clairement pris parti en faveur du général Aziz, a essayé, quant à lui, de faire bonne figure. Il a déclaré: « La victoire du 18 sera celle du peuple libre de Mauritanie, je vous assure que nous serons toujours au côté de ce peuple et du pouvoir qui sortira de ces élections ». Quant au représentant onusien Saïd Djinnit, il a adressé aux Mauritaniens « les félicitations » du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon. Après la signature de cet accord, les protagonistes devront s’entendre sur la tenue des élections présidentielles. Un pari qui risque de ne pas être aisé.