Selon les prévisions des experts de la sécurité alimentaire, la Mauritanie, qui importe 70 pour cent de ses denrées alimentaires, risque d’être confrontée, en 2008, à la crise alimentaire la plus grave qu’elle ait jamais connue, et les représentants des organisations humanitaires craignent de ne pas disposer de fonds suffisants pour couvrir les besoins des populations à l’heure où le prix des denrées alimentaires atteint des sommets et où les céréales se raréfient sur les marchés mondiaux.
Selon les prévisions des experts de la sécurité alimentaire, la Mauritanie, qui importe 70 pour cent de ses denrées alimentaires, risque d’être confrontée, en 2008, à la crise alimentaire la plus grave qu’elle ait jamais connue, et les représentants des organisations humanitaires craignent de ne pas disposer de fonds suffisants pour couvrir les besoins des populations à l’heure où le prix des denrées alimentaires atteint des sommets et où les céréales se raréfient sur les marchés mondiaux.
« Cette année pourrait être celle de tous les dangers. Tous les facteurs de choc pourraient se conjuguer : hausse du prix du pétrole, du prix des matières premières, du prix des produits alimentaires, réorganisation des principaux itinéraires commerciaux maritimes, et affaiblissement du dollar », selon Giancarlo Cirri, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies.
La malnutrition aiguë touchait déjà 11,9 pour cent des Mauritaniens en 2007, d’après une étude publiée en septembre 2007 par le ministère de la Santé et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Dans les 17 communes les plus gravement touchées du pays, selon cette même étude, une personne sur cinq manquait d’une alimentation adéquate.
M. Cirri prévoit que la dernière étude menée par le gouvernement et le PAM sur la sécurité alimentaire, qui devrait être publiée en avril, fera état d’une augmentation de 15 pour cent du nombre des familles qui ne disposent pas de vivres en quantité suffisante tout au long de l’année. « Nous sommes à présent confrontés à une double urgence : la hausse des prix et l’amenuisement des céréales sur les marchés », a indiqué M. Cirri.
Selon plusieurs villageois avec lesquels IRIN s’est entretenu le long de la ceinture agricole mauritanienne, dans le sud du pays, le prix du pétrole a plus que doublé, passant de 0,77 dollar américain le litre en 2007 à 1,50 dollar, un an plus tard.
Des femmes et des enfants du village de M’beida, dans le sud de la Mauritanie, inquiets face l’amenuisement des réserves de céréales
Le prix du blé et du sorgho a augmenté de 40 pour cent en Mauritanie entre mai 2007 et janvier 2008, tandis que le prix du mil augmentait de moitié. À la fin de l’année 2007, plusieurs villes et bourgades de ce vaste pays désertique ont d’ailleurs été le théâtre d’émeutes, qui visaient à protester contre la hausse du prix des denrées alimentaires.
En 2007, le gouvernement a alloué 3,2 millions de dollars au développement des réserves nationales de sécurité alimentaire, et il approvisionne en céréales 1 200 réserves communautaires des quatre coins du pays. Mais selon Mohammed el Hady du Commissariat à la protection sociale et à la sécurité alimentaire (CPSSA), les autorités n’ont pas assez de produits essentiels en réserve pour pouvoir faire face à une crise de sécurité alimentaire de grande ampleur en 2008.
« En raison de cette flambée des prix, il nous est de plus en plus difficile de maintenir à niveau les réserves céréalières stratégiques du pays », a poursuivi M. el Hady.
Bien que les bailleurs de fonds se soient engagés, au cours d’une conférence tenue en décembre 2007, à verser une aide généreuse au gouvernement mauritanien – sollicités à hauteur de 2,1 milliards de dollars, ils avaient en effet promis d’en donner 2,6 milliards – en matière d’aide alimentaire, une bonne partie de ces fonds n’ont « pas encore été versés », selon un responsable au courant du budget humanitaire consacré à la Mauritanie.
Entre-temps, les représentants des organisations humanitaires craignent de ne pas disposer de réserves suffisantes pour pouvoir faire face à une crise de grande ampleur. Selon les estimations de M. Cirri, pour financer ses opérations de sécurité alimentaire entre mars et juillet, la branche mauritanienne du PAM devra en effet encourir un déficit de six millions de dollars.