En réaction aux mises en cause de plusieurs responsables mauritaniens par divers articles parus dans la presse, notamment suite aux déclarations radicales du député vert Noël Mamère concernant le Président Ould Abdel Aziz, un de nos lecteurs attentifs, M. Alain de Manyois, a tenu à nous faire parvenir un article-témoignage afin d’apporter sa pierre aux polémiques dont nous nous sommes récemment fait l’écho… Il nous a paru utile, dans le souci de contribuer à ce débat, de reprendre à la fois in extenso et texto son courrier…
A Monsieur le Directeur de AFRIK .COM
Depuis quelques semaines, le président mauritanien Monsieur Mohamed OULD ABDEL AZIZ fait l’objet d’une campagne de diffamation dont personne n’ignore aujourd’hui les causes de son orchestration.
Ce qui me surprend c’est de voir votre site, que je considérais comme l’un des plus crédibles, relayer des intervalles mélodiques de cette instrumentalisation alors que vous savez dans les plus petits détails ce que permettent et ce qu’interdisent les principes déontologiques et règlementaires du journalisme.
Je vous saurais gré de publier ma réaction à ce sujet tout en sachant que je me présente à visage découvert et que j’ai beaucoup de respect pour l’homme que vous dénigrez, tant son charisme et son action forcent l’estime et la considération.
Dès son accession au pouvoir, OULD ABDEL AZIZ a inauguré en Mauritanie une méthode de gouvernance à laquelle certains mauritaniens (des fonctionnaires et commerçants, notamment) semblent prouver des difficultés d’adaptation parce qu’ils n’y trouvent plus l’argent facile, mais la majorité des mauritaniens, comme on le voit, est en train de surmonter les dernières résistances aux changements que l’homme apporte à une administration qui était laminée par la corruption et le détournement des deniers publics.
Dans un article où vous essayiez de lui coller un sobriquet qui lui est incongru, vous vous êtes attardés sur les relations du président mauritanien avec quelques hommes dont ceux qui déversent leur bille sur lui et ceux qui, par un trafic d’influence auquel ils s’adonnaient depuis des décennies poursuivent leurs intérêts personnels de la même manière que sous les régimes précédents.
Je voudrais revenir sur trois exemples des hommes que vous avez cités dans votre article.
1. Le colonel Ould Vall
Le colonel Ould vall fut pendant quelques mois président d’une junte militaire grâce (tout le monde le sait maintenant) à son jeune cousin, le président Mohamed Ould ABDEL AZIZ. C’était bien OULD ABDEL AZIZ qui avait formé cette junte composée essentiellement de ses amis (les généraux GAZWANI, MESGHAROU, MEGUETTE, DIA ELHAJ, FELIX NEGR, entre autres). C’était bien OULD ABDEL AZIZ qui offrit à OULD VALL sur un plateau d’or la présidence du CMJD après l’avoir convaincu de prendre part au coup d’état que OULD VALL n’a, en réalité, appris, qu’au moment où son jeune cousin lui en proposa la présidence. C’était bien OULD ABDEL AZIZ qui opposa un net catégorique à OULD VALL quand celui-ci a essayé de s’incruster au pouvoir en proposant aux mauritaniens la fameuse méthode du « vote blanc ». Le président OULD ABDEL AZIZ a d’ailleurs failli exclure OULD VALL du CMJD mais celui-ci revint sur sa proposition du « vote blanc » 24 après l’avoir annoncée aux média. Donc, c’était bien OULD ABDEL AZIZ qui permit à OULD VALL de devenir « Président » et de tourner la sale page de la DGSN que OULD VALL a dirigée pendant plus de 20 ans sous les ordres quotidiens d’un dictateur non éclairé (OULD TAYA).
Lorsque OULD ABDEL AZIZ devint président d’abord par un coup d’état ensuite démocratiquement élu OULD VALL s’indigna. C’était l’envie et la haine conjuguées au mode des complexes d’infériorité absolue. L’envie et la haine parce que OULD VALL sait que le véritable président du CMJD n’était autre que OULD BADEL AZIZ. L’envie et la haine parce que OULD ABDEL AZIZ obtint (qui plus est au premier tour) plus de 52% lors de l’élection présidentielle de 2009 alors que OULD VALL n’eut que 3% !
La haine et l’envie parce que lors que OULD ABDEL AZIZ fut atteint par balle en octobre 2012, OULD VALL, au lieu d’exprimer des sentiments de compassion ou de solidarité comme l’a fait le peuple mauritanien entier y compris les membres de l’opposition radicale et virulente, a déversé sa bile sur son jeune cousin qu’il a essayé de tuer cliniquement et de faire croire aux mauritaniens qu’il ne pourrait plus revenir au pouvoir. OULD VALL n’a cessé de propager ses thèses mensongères que quand les leaders de l’opposition mauritanienne furent cloués par la stupéfaction en voyant OULD ABDEL AZIZ sur le perron de l’Elysée où le saluait le président français à l’issue d’un long entretien sur la coopération bilatérale et la situation dans la sous-région ouest africaine.
Depuis 2005, OULD VALL ne cesse de lancer piques, pierres et briques à ce jeune brillant officier qui ne laisse, là où il passe, qu’estime et considération.
Qu’on le veuille ou non, OULD ABDEL AZIZ est entré dans l’histoire de son pays par la grande porte. Contrairement à ces prédécesseurs, à l’exception peut-être de Mokhtar OULD DADDAH, OULD ABDEL AZIZ est le seul président qui marqua un intérêt réel pour la moralisation de la gestion des deniers publics et pour la démocratie. Il a presque mis fin à la corruption au sein de l’administration. Il a comblé les fossés et les tranchées qui engloutissaient les budgets de l’Etat : le gouvernement accorde aux fonctionnaires de l’Etat qui en ont le droit des indemnités de logement et de transport et ne dépense plus un sou dans la location des logements, l’achat de véhicules qui disparaissaient souvent dans la nature, quelques mois seulement après leur acquisition, l’eau et l’électricité sont désormais à la charge de ceux qui en bénéficient, ce qui les rend rationnels dans leur gestion, la facture des télécommunications a été ramenée à un niveau supportable, etc. Les mesures de redressement ne se limitent pas à celles-là. La différence entre les deux cousins est ostensible : en bon musulman, OULD ABDEL AZIZ est honnête, sincère, compétent, courageux et pragmatique. Cela ne veut pas dire que l’homme n’a pas de défauts. Il en a certainement. Comme il l’a dit lui-même un jour, il n’a pas de barbe mais il ne ment pas. Grâce à lui, la Mauritanie se construit lentement mais solidement.
2. M.BOUAMMATOU
Cet homme d’affaires a sans aucun doute contribué à l’élection de OULD ABDEL AZIZ. Je dirai même que sans lui, OULD ABDEL AZIZ n’aurait pas été élu. Moi-même j’étais à Nouakchott en juillet 2009 et j’ai pu mesurer l’importance du rôle de M.BOUAMMATOU dans la campagne de OULD ABDEL AZIZ. Lorsque « l’affaire BOUAMMATOU » a éclaté, j’ai essayé d’en connaître les causes. Il semble que M.BOUAMMATOU s’attendait à ce que OULD ABDEL AZIZ lui réservât un traitement spécial, car c’était « grâce à lui qu’il a obtenu plus de 52% des voix des mauritaniens» dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2009. Les proches de M.Bouammatou disent qu’il voulait sa part du gouvernement (ministère des Finances, Banque centrale, par exemple), de l’administration et des affaires. D’après mes informations, il n’ y a jamais eu aucun deal entre M.BOUAMMATOU et OULD ABDEL AZIZ. Mais même dans ce cas, OULD ABDEL AZIZ ne devait pas se comporter avec M. BOUAMMATOU comme il le fait avec les autres hommes d’affaires, car le rôle qu’il a joué dans sa campagne était capital. Qu’est ce que OULD ABDEL AZIZ devait faire ?
A mon avis, OULD ABDEL AZIZ qui veut rester indépendant et qui semble allergique aux astreintes surtout quand elles proviennent des hommes d’affaires, devait tout simplement rembourser à M.BOUAMMATOU tout ce que ce dernier avait dépensé pendant sa campagne. Mais un problème se pose : OULD ABDEL AZIZ ne voit pas pourquoi M.BOUAMMATOU a dépensé des dizaines de millions en achetant à l’actuel gouverneur de la BCM un véhicule tout–terrain et une villa flambant neuve alors qu’il était (et c’était un grand honneur) directeur de campagne du président et qu’un poste clef et prestigieux l’attendait !
OULD ABDEL AZIZ refuse de rembourser ce genre de dépenses qui rentre, pour lui, dans le chapitre de la mauvaise gestion. Cependant, il y a quand même des dépenses justifiées et sans lesquelles OULD ABDEL AZIZ n’aurait pas obtenu le nombre de voix qu’il a arrachées au premier tour aux 10 candidats qui cherchaient sa tête.
Ce qui a envenimé la crise entre les deux hommes est à mon avis, l’alliance faite par M.BOUAMMATOU avec les principaux ennemis jurés de OULD ABDEL AZIZ à savoir, OULD VALL et un certain OULD CHAVI connu dans certains milieux africains pour ses services louches et sournois mais aussi et surtout objet d’un mandat d’arrêt international de la part la justice mauritanienne.
L’affaire Bouammatou est en train de prendre l’envergure d’un feuilleton, ce qui ne profite qu’aux avocats et aux rats de la justice.
Quelle que soit l’importance de ses affaires et l’ampleur de sa popularité, M.Bouammatou est malheureusement en train de se suicider.
3. M.Ablahi OULD YAHA
Ce jeune courtier ne contribue pas à soigner l’image di regime de OULD ABDEL AZIZ en se présentant à tous les investisseurs comme étant la clef du sas de la présidence de la république. Mais que faire ?
OULD ABDEL AZIZ ne peut pas prendre le haut parleur et crier à tout le monde « faites attention, OULD YAHA ne me représente pas, je n’ai rien à voir avec lui ».
Si les chinois et la société canadienne Kinross se sont laissés duper par OULD YAHA, ce n’est pas la faute de OULD ABDEL AZIZ. Ce genre de courtiers pullule dans tous les pays, ce sont ceux qui ne s’en méfient pas qui courent des risques. Kinross et les chinois finiront par découvrir OULD YAHA comme l’homme d’affaire OULD TAJEDDINE a découvert Feil OULD LAHAH dont il a exigé le remboursement de centaines de millions d’ouguiyas lorsqu’il a appris que rien ne le liait à OULD ABDEL AZIZ sur le plan des affaires.
Enfin, Messieurs les journalistes d’Afrik.Com, vous vous êtes attaqué dans votre article aux fils du président OULD ABDEL AZIZ et surtout au jeune Ahmedou qui s’adonne entièrement et uniquement à ses études. Savez-vous qu’il n’a même pas pris pas à la campagne présidentielle de son père?
Pour conclure, cette réaction, je voudrais dire au député des verts que vous citez et à tous les autres qui l’utilisent, que OULD ABDEL AZIZ est et restera un homme immaculé. Musulman convaincu, c’est lui qui a fait sortir la Mauritanie de la carte de la vente de la drogue. Depuis son accession au pouvoir, les avions transportant la drogue n’atterrissent plus en Mauritanie et les bateaux qui y amerrissaient pleins de produits narcotiques n’ont plus accès à ses ports.
OULD ABDEL AZIZ est aujourd’hui le seul président dans la sous-région connu par sa ténacité dans le combat contre le terrorisme et le trafic de la drogue.
Alain de Manyois, Nice, le 4 mars 2013.