Sidi Ould Cheikh Abdallahi est enfin libre. Jusque là assigné en résidence surveillée, le président mauritanien, renversé le 6 août dernier par un coup d’Etat, est à nouveau maître de ses mouvements depuis ce dimanche. La junte au pouvoir se plie ainsi à l’une des exigences de la Communauté internationale. Les partisans du président déchu parlent d’une libération manu militari qui s’est effectuée en pleine nuit et exigent que sa légitimité lui soit rendue.
Au total, Sidi Ould Cheikh Abdallah aura passé 136 jours en résidence surveillée. La junte au pouvoir en Mauritanie l’a finalement libéré ce dimanche, quatre mois après le coup d’Etat qui l’a renversé. C’est avec un convoi composé de quatre véhicules militaires qu’il a été ramené à son domicile de Nouakchott, avant d’être laissé maître de ses mouvements. Sidi Ould Cheik Abdallah était jusque-là assigné en résidence surveillée dans son village natal de Lemden, situé à 250 km de Nouakchott, la capitale mauritanienne.
En posant cet acte, le général Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir depuis août, cède à l’une des principales exigences de la Communauté internationale qui réclame le retour à l’ordre constitutionnel sous peine de sanctions. Début décembre, Mohamed Ould Abdel Aziz s’était engagé, sous la pression de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA), à libérer le premier président du pays, démocratiquement élu en mars 2007, « sans conditions et au plus tard le 24 décembre ».
Décidé à faire échouer le coup d’Etat
C’est chose faite, désormais. Juste après sa libération dans la capitale mauritanienne, Sidi Ould Cheikh Abdallah a regagné son village natal de Lemden. Il envisage de préparer son retour à Nouakchott, « dans la sérénité et selon son propre agenda », ont indiqué, à l’AFP, certains de ses proches. Des proches qui dénoncent la méthode de sa libération. « Ils sont venus avec une force de frappe impressionnante pour réveiller un septuagénaire à trois heures du matin et le forcer de les accompagner: ce n’est pas conforme à la morale et à nos traditions », s’est indigné Beijel Ould Houmeit, le président du Front national de défense de la démocratie (FNDD). Libre, Sidi Ould Cheikh Abdallah affirme qu’il compte se comporter comme le président légitime, démocratiquement élu. « Je suis fermement décidé à lutter pour faire échouer ce coup d’Etat », a-t-il déclaré à RFI. Les autorités du pays, elles, ne l’entendent pas de cette oreille. Selon Mohamed Abderrahmane Ould Moine, le ministre de la Communication, « Sidi Ould Cheikh Abdallahi doit comprendre qu’il ne représente plus rien, ni personne en Mauritanie aujourd’hui ».
Du 27 décembre au 5 janvier, le Haut conseil d’Etat (junte au pouvoir) organise des journées nationales de concertation. Cette rencontre à laquelle tous les acteurs politiques du pays sont conviés, devrait fixer la date d’une élection présidentielle. Sidi Ould Cheikh Abdallah et le FNDD, la coalition qui le soutient, ont d’ores et déjà rejeté cette invitation.
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