Le premier président démocratiquement élu de Mauritanie a été victime d’un coup d’Etat militaire ce mercredi matin. Sidi Ould Cheikh Abdallahi et son Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghf ont été arrêtés à Nouakchott par l’armée. Un « conseil d’Etat », dirigé par le général Mohamed Ould Abdel Aliz, a pris les rênes du pouvoir.
La crise politique qui menaçait le pouvoir mauritanien depuis trois mois vient de connaître son épilogue ce mercredi matin. Le président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi et son Premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghf ont été arrêtés à Nouakchott, la capitale mauritanienne, à la suite d’un putsch militaire. Selon la fille du chef de l’État, jointe par RFI, le chef de l’Etat a été conduit dans au BASEP (les locaux du bataillon de la sécurité présidentielle) et son Premier ministre dans une caserne qui se trouve à proximité de la présidence de la République, d’après l’AFP. Les accès menant à la résidence du chef de l’Etat avaient été bloqués dans la matinée par l’armée. Le coup d’Etat militaire semble s’être déroulé sans affrontement particulier et la capitale mauritanienne paraît calme. Cependant, les programmes de la radio et de la télévision nationales ont été interrompus par les militaires.
Un président désavoué par son parti
Ce coup d’Etat intervient au lendemain d’un appel à la démission lancé au président mauritanien par Mohamed Abdallahi Ould Dellahi, président des Partis de la convergence nationale (PCN), une coalition de 7 partis politiques mauritaniens. Sidi Ould Cheikh Abdallahi se serait « révélé incapable de mettre en œuvre le programme pour lequel il a été élu », rapporte Panapress. Aussi, les Mauritaniens « continuent de souffrir de misère, de marginalisation, de chômage, et des effets néfastes de la hausse des prix des denrées ». Mohamed Abdallahi Ould Dellahi a également accusé le pouvoir en place d’avoir détourné les deniers publics, notamment « les fonds de solidarité destinés aux sinistrés de la ville de Tintane (suite aux inondations de septembre 2007) » et ceux « consacrés au Programme spécial d’intervention (PSI), destiné à atténuer les effets de la hausse des prix des denrées alimentaires ».
Des raisons similaires avaient été évoquées par les 25 députés et 23 sénateurs qui ont démissionné lundi du Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD), parti au pouvoir. Les parlementaires avaient notamment affirmé leur intention de créer une autre formation politique à même d’apporter « le changement escompté », rapporte l’AFP. En juillet, le chef de l’Etat avait menacé de dissoudre le Parlement suite à la motion de censure déposée contre le gouvernement par 39 députés de la formation présidentielle.
L’armée reprend le pouvoir qu’elle avait donné aux civils en 2007
La plupart des députés frondeurs seraient proches à la fois de l’ancien président Maaouya Sid Ahmed Taya et de la junte militaire qui l’a renversé en 2005. Le Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) avait dirigé le pays jusqu’en 2007. Deux de ses anciens membres, les généraux Ould Cheikh Mohamed Ahmed et Ould Abdel Aziz, respectivement chef d’état-major de l’armée et chef d’état-major particulier du président mauritanien, seraient à l’origine de ce bras de fer entre les parlementaires et le pouvoir. Leur limogeage par le chef de l’Etat mauritanien venait d’être annoncé ce mercredi matin par la radio nationale. Selon un communiqué du ministre de la Communication, ces nomminations ont été déclarées « sans effet » par les nouveaux maîtres de Nouakchott réunis au sein d’un « conseil d’Etat » à la tête duquel se trouve le général Mohamed Ould Abdel Aliz. Il serait le meneur du coup d’Etat, selon le porte-parole de la présidence mauritanienne Abdoulaye Mahmadou Ba.
Le Quai d’Orsay a déclaré qu’il suivait « la situation avec la plus grande attention en liaison avec l’ensemble de nos partenaires », par la voix de Romain Nadal, l’un des porte-paroles du ministère français des Affaires étrangères.
Sidi Ould Cheikh Abdallahi, élu en mars 2007, est le premier président mauritanien, depuis l’accession du pays à l’indépendance, à avoir été désigné au suffrage universel. Les élections de 2007 avaient été organisées sous la houlette du CMJD dont aucun membre n’avait été autorisé alors à se présenter . La transition « civile » aura été de courte durée.