Mauritanie : La réélection contestée de Ghazouani déclenche des émeutes meurtrières


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Mauritanie émeutes
Mauritanie émeutes

La victoire du président sortant Mohammed Ould Ghazouani à l’élection présidentielle mauritanienne est violemment contestée par l’opposition, provoquant des émeutes qui ont fait au moins trois morts et plusieurs blessés.

La Mauritanie traverse une période de turbulences politiques suite à l’annonce de la réélection du président Mohammed Ould Ghazouani, , soutenu par Mohamed Ould Bouamatou. Selon la commission électorale, Ghazouani aurait remporté 56,12% des voix dès le premier tour. Mais le résultat est vivement contesté par son principal rival, Biram Dah Abeid, arrivé deuxième avec 22,10% des voix.

L’opposant, militant renommé contre l’esclavage et la discrimination raciale, dénonce des « fraudes massives » et appelle à des manifestations pacifiques. Cette contestation a rapidement dégénéré en violences, notamment dans la ville de Kaédi, où des actes de pillage et de vandalisme ont été signalés. Il faut rappeler que l’esclavage est toléré en Mauritanie, exacerbant la colère d’une partie de la population. La discrimination envers la population noire est toujours d’actualité.

La diaspora mauritanienne s’est aussi mobilisée pour contester l’élection.

Un bilan humain qui s’alourdit

Face à l’escalade de la violence, les autorités ont procédé à de nombreuses arrestations à Nouakchott et Nouadhibou, y compris d’étrangers, et ont coupé l’internet mobile dans la capitale. Trois personnes arrêtées sont décédées dans des circonstances encore floues, tandis que deux membres des forces de sécurité ont été grièvement blessés.

Le ministère de l’Intérieur promet une enquête approfondie sur les décès survenus, tandis que Biram Dah Abeid, tout en présentant ses condoléances aux familles des victimes, réitère son appel au dialogue pour résoudre la crise politique.

Biram Dah Abeid appelle au dialogue

Cette élection contestée intervient dans un contexte particulier pour la Mauritanie, longtemps considérée comme un îlot de stabilité dans une région sahélienne troublée. Le pays, qui n’a plus connu d’attaque jihadiste majeure depuis 2011, avait célébré en 2019 sa première transition pacifique entre deux présidents élus, après une série de coups d’État entre 1978 et 2008. Depuis, des tensions ont vu le jour, notamment avec la condamnation de l’ancien Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, à cinq ans de prison ferme pour corruption.

La réélection de Ghazouani, militaire de carrière de 67 ans, est perçue par ses partisans comme un gage de continuité et de stabilité. Cependant, les accusations de fraude et les violences qui ont suivi mettent en lumière les défis persistants en termes de transparence électorale et de cohésion sociale dans ce pays de 4,9 millions d’habitants.

Alors que le Conseil constitutionnel doit encore valider les résultats, l’avenir politique de la Mauritanie semble suspendu à la capacité du gouvernement et de l’opposition à trouver un terrain d’entente. Le dialogue prôné par Biram Dah Abeid et la gestion des enquêtes sur les récentes violences seront cruciaux pour apaiser les tensions et restaurer la confiance dans le processus démocratique mauritanien.

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