Mauritanie : la condamnation du militant contre l’esclavage Biram ould Dah Abeïd fait des vagues


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Le procès de Biram ould Dah ould Abeïd à Rosso s’est achevé ce jeudi. A l’annonce du verdict qui le condamne à deux ans de prison ferme, ses sympathisants ont exprimé leur colère tandis que la défense de l’accusé décidait de faire appel du jugement.

Le tribunal de Rosso a condamné Biram ould Dah ould Abeïd, accusé « d’offense et de désobéissance à la force publique », à deux ans de prison ferme, ainsi que deux autres responsables de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste de l’esclavage en Mauritanie (IRA), selon RFI. Un verdict qui a suscité la colère et l’incompréhension des militants de l’ONG anti-esclavagiste. La défense dénonçant ce verdict « sévère » compte bien faire appel.

Verdict arbitraire

Selon l’avocat de Biram, Maitre Ebetty, le verdict rendu à l’encontre de son client demeure incompréhensible car aucune preuve n’a été trouvée qui atteste de sa culpabilité. Il va même plus loin en dénonçant cette condamnation comme un « recul des libertés en Mauritanie ». La vice-présidente de l’IRA, Coumba Kane estime que « le verdict est arbitraire et politique, c’est une décision très grave parce que le dossier est vide », martèle-t-elle. Un verdict qui a été accueilli par des manifestations de militants de l’IRA aux abords du tribunal, qui se sont soldées par des tirs lacrymogènes des forces de l’ordre ainsi que par deux personnes grièvement blessées.

Accusé d’avoir tenu des propos racistes divisant le pays, Biramil ould Dah Abeïd, a été arrêté en novembre à Rosso avec neuf autres militants. il se bat par le biais de son association, l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), contre l’accaparement des terres appartenant à sa communauté, la communauté haratine. Lors de son arrestation, il parcourait la vallée du fleuve Sénégal dans le but de sensibiliser la population sur la nécessité d’une réforme agraire en faveur des anciens esclaves, qui peuvent être encore aujourd’hui victimes de discriminations. Quelques jours avant son arrestation, il a tenu à préciser à l’IRIN, « toute leur richesse provenait du travail de ces esclaves. Les esclaves n’en reçoivent que des miettes ».

Pour autant la violence de certaines diatribes de Biram contre les « Maures blancs » et ses attaques contre certains écrits d’anciens Oulémas Mauritaniens légitimant l’esclavage par leur interprétation du Coran sont de nature à diviser la société Mauritanienne au moment précis où elle doit faire preuve d’unité pour engager sa mutation… Le combat contre toute résurgence de l’esclavage est légitime. La provocation à la haine contre une communauté quelle qu’elle soit est dangereuse.

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