Mauritanie-Algérie : la réussite de la 17e édition d’Assalamalekoum festival


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Farid Merabet à Nouakchott
Farid Merabet à Nouakchott

La participation de l’Algérie comme invitée d’honneur de la 17e édition de Assalamalekoum festival organisé en Mauritanie par Limame Kane, alias Monza. Une édition où le public a vibré au rythme de l’électronique oriental Algérien, un mélange de rai et de hip hop, représenté notamment par Dj Moulay et Djalil Palermo. Entretien avec Farid Merabet de la société Longitude Communication, propos recueillis par Awa Seydou Traore. 

Afrik.com : vos impressions par rapport à votre participation à cette 17e édition?

Farid Merabet : C’est avant tout une très belle réussite, il n’y a pas eu de problème technique, tout s’est très bien passé, au niveau des invités, des artistes et de la présence du public mauritanien. Pour la première fois, une grande délégation algérienne a participé au Festival, essentiellement composée d’artistes, d’influenceurs  et de représentants du ministère de la culture, marquée notamment par la présence du directeur de l’ONCI, Nouredine Bougandoura.

On peut souligner également la présence d’une délégation sénégalaise autour de l’artiste, musicien et producteur TV Didier Awadi, qui n’est plus à présenter, le pape des musiques urbaines africaines qui dirige le studio Sankara à Dakar.

Afrik.com : que faut-il retenir de cette participation algérienne en termes de symbole ?

Farid Merabet : Elle se place dans la continuité des très bonnes relations établies entre nos deux pays, le fait de monter une telle opération culturelle en mettant à l’honneur l’Algérie participe à la vision de la Nouvelle Algérie. Une nation qui reprend sa place dans la diplomatie internationale. C’est un soutien aux efforts culturels. Depuis 2020 on sent qu’il y a  des changements en Algérie, qui vit une deuxième révolution, qui permet aux artistes algériens de se faire connaître à l’étranger et d’attirer aussi en Algérie la richesse de sa diaspora présente à travers le monde.

Afrik.com : comment se caractérise la participation des artistes Algériens à cette édition ?

L’affiche de la soirée algérienne du Festival

Farid Merabet : C’est avant tout un festival urbain, hip hop à la base, pour le concert du 11 juin, il y avait des artistes dans ce style, “électronique oriental algérien”, c’est un mélange de rai et de hip hop. Il y avait Dj Moulay et Djalil Palermo. Le lendemain symboliquement, il y a eu une soirée de gala, une prestation d’El Ferda, un groupe mythique originaire de Bechar, afin de faire découvrir à des jeunes une musique traditionnelle. Culturellement les habitants de Bechar et de Mauritanie ont beaucoup de points communs.

Était également présent, pour la réalisation d’une grande fresque murale, l’artiste Street Art algérien Lyes Karbouai alias ELEMENT, originaire de Souk Ahras. Il a coordonné un atelier de graffiti avec des jeunes des quartiers populaires de Nouakchott.

Afrik.com : le public mauritanien était-il au rendez-vous ?

Farid Merabet: J’étais un peu inquiet lorsque j’ai vu la programmation, je me demandais si le public mauritanien allait répondre aux sonorités des artistes algériens, mais précisément cela a tout de suite fonctionné, à travers le passage des sons de Dj Snake artiste franco-algérien reconnu mondialement. A contrario, le festival a permis de faire découvrir la musique mauritanienne aux artistes algériens, un facteur d’interconnexion, qui pourrait donner naissance dans l’avenir à des résidences d’échange artistique en Algérie ou ailleurs.

Afrik.com : la diplomatie culturelle est-elle au cœur de ce brassage ?

Farid Merabet : 

Farid Merabet et Monza devant une affiche du Festival Assalamalekoum dans une rue de Nouakchott

On observe une vraie évolution de ce qui était dénoncé comme la lourdeur administrative algérienne, qui faisait partie des priorités fixées par le Chef de l’État!  Oui, il est exact que la nouvelle Algérie nous donne l’opportunité de travailler sur des axes de diplomatie culturelle ou sportive en Afrique et ailleurs.

Pour la diplomatie politique elle est en marche depuis les indépendances et le soutien aux pays frères africains dans la lutte pour leur émancipation du joug colonial. Alger fut la Mecque des révolutionnaires africains durant les années 60 et 70. Ces échanges sont primordiaux, ils fondent une fraternité dans ces combats partagés. C’est aussi pour cela qu’on peut aujourd’hui aisément dépasser les frontières avec le sport et la culture. L’exemple du sport est éloquent : j’ai eu la chance de participer en 2023 au Treg de Timimoun qui réunissait une centaine d’athlètes européens et africains, ce fut un moment magique dans un décor de rêve, le Grand Sud algérien, qui a été le cadre d’une aventure à la fois humaine et sportive sans précédent, dans laquelle les concurrents venus d’Afrique se sont particulièrement distingués. 

Afrik.com : Quelles perspectives peuvent découler de ce partenariat avec Assalamalekoum cultures ?

Farid Merabet : C’est une première expérience, il fallait qu’on fasse nos preuves, je pense que l’on va pouvoir proposer d’autres projets culturels avec d‘autres pays africains. Pour nous, pour des raisons historiques et philosophiques, l’axe reste panafricain.

Afrik.com : Quel souvenir gardez-vous de cette édition ?

Farid Merabet : D’abord l’émotion des artistes, la ferveur du public, c’était très émouvant, car on a assisté à une véritable fusion grâce à la musique, qui est un langage commun, un élan partagé, un moment de bonheur intense. Tous sont repartis des concerts avec des étoiles dans les yeux.

Il y a beaucoup de choses à faire en Mauritanie, chapeau bas à Monza, il se bat seul et avec très peu d’aides et de moyens, et la réussite de ce Festival a été la preuve que son engagement est à la fois fédérateur et porteur de valeurs positives en direction de la jeunesse : c’est un véritable ambassadeur pour la Mauritanie et pour le continent, a fortiori avec les différentes missions qu’il remplit à l’Unesco et dans d’autres instances de coopération panafricaines.

Si la presse internationale en a parlé, c’est que Monza défend sa culture, son pays et son engagement d’acteur culturel indépendant. On est dans un échange, où chacun amène sa pierre à l’édifice.

Propos recueillis par Awa Seydou Traoré

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