Fraîchement élu Premier ministre de Maurice pour la quatrième fois, Navin Ramgoolam a frappé fort. Lors d’un rassemblement à Port-Louis, il a annoncé un audit intégral des finances publiques. Il dénonce des chiffres « manipulés » par le gouvernement précédent.
Cette annonce, faite à quelques jours de la prise de fonction officielle de son cabinet, a déjà semé le doute parmi les citoyens, les investisseurs et les institutions internationales.
Des finances publiques sous tension
Les accusations de Ramgoolam portent sur plusieurs points critiques. Le ratio de la dette nationale, vraisemblablement à 79% du PIB, serait bien plus alarmant selon les observateurs économiques. De même, les chiffres officiels sur le chômage (6,3%) et la croissance nationale (6,5%) sont contestés, le FMI estime que cette dernière est à seulement 4,9%.
Une structure controversée, la Mauritius Investment Corporation (MIC), est également au cœur du débat. Créée après la pandémie pour soutenir les entreprises en difficulté, cette filiale aurait généré une « création monétaire pure et simple », selon Sushil Kushiram, ancien ministre des Services financiers. Avec un fonds colossal de 1,7 milliard d’euros, son impact sur la roupie mauricienne et sur la disponibilité des devises étrangères continue de susciter des inquiétudes.
Rama Sithanen, la stratégie de la transparence
Pour mener cette opération de vérité, Ramgoolam a confié une mission clé à Rama Sithanen, ancien ministre des Finances, nommé gouverneur de la Banque de Maurice. Sa tâche principale : éclaircir les zones d’ombre de la gestion monétaire et rétablir la confiance dans les institutions financières du pays.
Une île au défi de la transparence
Malgré une croissance économique impressionnante de 7% en 2023, Maurice reste fragilisée par une crise du coût de la vie qui a marqué la campagne électorale. Si l’audit annoncé par Ramgoolam ambitionne de rétablir une gestion financière saine, il pourrait aussi ébranler l’image de stabilité démocratique et économique que l’île cultive depuis des décennies.
Les résultats de cette enquête seront publiés, promet Ramgoolam, et pourraient révéler des vérités dérangeantes. Reste à savoir si cette quête de transparence suffira à apaiser les doutes des investisseurs étrangers et à redonner confiance à la population mauricienne. Une chose est sûre : l’heure des comptes à sonné !