La Mauritius Investment Corporation (MIC), créée pour soutenir l’économie mauricienne en pleine pandémie, est aujourd’hui au cœur d’un scandale rémanent. Des soupçons de malversations et de connivence politique pèsent sur la gestion des fonds publics.
La juridiction mauricienne et ses institutions financières voient leur réputation mise à l’épreuve.
La MIC : une initiative controversée dès le départ
Lancée en juin 2020 par la Banque de Maurice, la MIC avait pour objectif de fournir un soutien financier aux entreprises en difficulté. Cette entité privée, dotée d’un fonds de 2 milliards de dollars créé électroniquement, a rapidement suscité des critiques. Le Fonds Monétaire International (FMI) a notamment déploré un manque de clarté sur les modalités de gestion.
Au fil des années, la MIC a investi dans 71 entreprises et débloqué plus de 56 milliards de roupies. Cependant, des zones d’ombre subsistent, notamment sur des décaissements de 3,7 milliards de roupies à des entreprises à risque élevé, dont une a reçu 45 millions de roupies en pleine période électorale.
Accusations graves et enquêtes en cours
Les révélations récentes du nouveau gouverneur de la Banque de Maurice, Rama Sithanen, pointent vers un possible détournement de fonds publics. Ces fonds, selon certains, auraient été utilisés pour financer la campagne électorale de l’Alliance Lepep. Un avocat local, Siv Potayya, qualifie ces faits de « choquants » et appelle à une enquête approfondie pour exercer les responsabilités.
Parallèlement, Harvesh Seegolam, ancien gouverneur de la Banque de Maurice, fait face à un mandat d’arrestation. Accusé de « complot en vue d’escroquer », il risque d’être appréhendé dès son retour au pays. Cette situation inédite fait craindre une crise d’image pour la Banque centrale et la juridiction mauricienne.
Une gestion opaque, des conséquences lourdes
Au-delà des accusations de malversations, la gestion même de la MIC pose question. Selon l’économiste Kee Chong Li Kwong Wing, l’utilisation de méthodes opaques par l’ancienne administration pour imprimer de l’argent et soutenir des industries peu viables a affaibli les finances de la Banque de Maurice. La recapitalisation semble désormais inévitable pour redresser les comptes dégradés.
Quelles répercussions pour Maurice ?
Bien que le nouveau gouverneur cherche à rétablir l’intégrité de la Banque de Maurice, le scandale MIC risque d’entacher durablement la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux. Plusieurs observateurs appellent à un repositionnement clair des missions de la Banque centrale et insistent sur la transparence et la responsabilité.