Maurice : l’ex-ministre des Finances Renganaden Padayachy rattrapé par les affaires


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Renganaden Padayachy

À l’île Maurice, l’ancien ministre des Finances Renganaden Padayachy est visé par deux enquêtes judiciaires pour détournement présumé de fonds publics. Inculpé pour fraude et abus de pouvoir, il est soupçonné d’avoir mis en place, via la Mauritius Investment Corporation, un système de financement occulte au profit d’entreprises proches de l’ancien pouvoir.

Padayachy, ex-pilier du gouvernement Jugnauth, est aujourd’hui sous le feu des projecteurs pour des affaires bien loin de la gestion économique. En avril, il a été arrêté à deux reprises, dans deux enquêtes distinctes. Toutes deux portent sur l’usage douteux de fonds publics. Ces arrestations s’inscrivent dans une vaste opération judiciaire qui vise plusieurs figures de l’ancien régime. Au cœur des soupçons : la Mauritius Investment Corporation, créée pour soutenir les entreprises frappées par la crise du Covid-19.

Une double arrestation pour soupçons de fraude

Renganaden Padayachy a été interpellé une première fois début avril, puis une seconde fois le 17, à son domicile. Il est désormais poursuivi pour « complot en vue de commettre une fraude » et « abus de pouvoir ». Les enquêteurs se concentrent sur la gestion des milliards de roupies versés à la MIC, entité publique créée en 2020 pour faire face à la crise. Padayachy est accusé d’avoir orienté des fonds vers des sociétés liées à son entourage politique. Il a été libéré sous caution, après cinq jours de détention.

Parmi les cas les plus sensibles : un prêt de 45 millions de roupies (près d’un million d’euros) accordé à Menlo Park Ltd. Cette société est liée à Pulse Analytics, spécialisée dans les sondages politiques. Un autre dossier, plus important encore, évoque un préjudice de 300 millions de roupies (environ 6 millions d’euros). Il concerne l’achat d’actions du groupe hôtelier EastCoast à un prix jugé artificiellement gonflé. Ces opérations auraient profité à des proches du pouvoir déchu. Pour les enquêteurs, il s’agirait d’un schéma de détournement bien orchestré.

Perquisitions et conditions strictes de liberté

Des perquisitions ont été menées dans plusieurs propriétés de Padayachy. Les autorités ont saisi du matériel informatique, dont un ordinateur portable et un téléphone. En attendant la suite des procédures, il reste sous haute surveillance. Il a dû hypothéquer un bien immobilier, s’engager à ne pas contacter les autres mis en cause, et pointer chaque jour au commissariat.

Ces poursuites interviennent dans un climat de grands bouleversements politiques. Depuis la chute du gouvernement en novembre, plusieurs figures de l’ancien régime font face à la justice. Même l’ancien Premier ministre est dans le viseur. Le nouveau pouvoir, emmené par Navin Ramgoolam, promet de rompre avec les pratiques du passé. La série d’arrestations, dont celle de l’ex-gouverneur de la Banque centrale et de l’ancien directeur de la MIC, donne un avant-goût d’une gouvernance plus transparente.

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