Massacre du 28 septembre 2009 : 15 ans après, des cicatrices toujours ouvertes


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Senegal drapeau
Crédit : 123RF

Quinze ans après le massacre du 28 septembre 2009 en Guinée, les cicatrices physiques et psychologiques des victimes demeurent béantes, malgré des avancées judiciaires.

Il y a quinze ans, le 28 septembre 2009, un massacre sanglant secouait la Guinée. Au stade de Conakry, des centaines de civils, rassemblés pour une manifestation pacifique contre le régime militaire de Moussa Dadis Camara, ont été brutalement réprimés par les forces de sécurité. Le bilan est effroyable : 156 personnes tuées, plus de 100 femmes violées et de nombreuses autres disparues. Quinze ans plus tard, malgré des procès et condamnations, les blessures, tant physiques que psychologiques, demeurent béantes. Que reste-t-il de cette quête de justice ? Les victimes, elles, continuent de vivre avec un traumatisme indélébile.

Un procès historique, mais inachevé

Le 31 juillet 2023, après deux ans de procès, la justice guinéenne a enfin rendu son verdict. L’ancien président Moussa Dadis Camara et plusieurs hauts responsables militaires ont été condamnés pour crimes contre l’humanité. Les peines varient de 10 ans de prison à la perpétuité, mais pour de nombreuses victimes, ce verdict reste insuffisant.

Alseny Sall, porte-parole de l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme (OGDH), se félicite du chemin parcouru, tout en rappelant que ce n’est qu’une première étape dans un long processus de justice. Cependant, les appels déposés par les avocats des accusés font planer une ombre d’incertitude sur la suite.

Des survivantes aux cicatrices invisibles

Parmi les rescapées, des femmes comme Fatoumata Barry ou Halimatou vivent encore hantées par les horreurs de ce jour. Ces survivantes des viols endurent non seulement des séquelles physiques, mais aussi un isolement social profond. Quinze ans plus tard, certaines, comme Nafi, cachent encore à leur famille l’atrocité des violences subies par peur d’être rejetées.

Les soins médicaux sont inaccessibles pour beaucoup, et malgré l’ouverture d’un centre d’accueil pour les victimes, les financements restent précaires. Fatoumata Barry, malgré son diplôme universitaire, se bat pour obtenir les réparations financières promises par la justice, indispensables pour sa guérison.

Des réparations attendues

Le tribunal de Conakry a ordonné des indemnisations allant de 200 millions à 1,5 milliard de francs guinéens pour les victimes. Toutefois, l’insolvabilité des condamnés laisse planer le doute quant au paiement effectif de ces compensations. Les autorités guinéennes ont promis de saisir les biens des accusés, et, en cas d’échec, de substituer l’État pour garantir ces réparations. Pour les survivants, cet argent représente bien plus qu’un dédommagement : il est crucial pour leur reconstruction et leur réinsertion sociale.

Une sécurité encore précaire

Au-delà des défis financiers, la sécurité des victimes reste une question brûlante. Plusieurs d’entre elles ont rapporté des menaces et des intimidations de la part de proches des condamnés. Certaines, comme Halimatou, continuent de vivre dans la peur des représailles, particulièrement dans un contexte politique toujours instable. Alors que la Guinée est sous la direction du régime militaire de Mamadi Doumbouya, des rumeurs concernant sa potentielle candidature à la présidence exacerbent les tensions. Pour de nombreuses survivantes, ce climat rappelle dangereusement les événements de 2009.

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