Ce vendredi 1er novembre 2024, la ville de Morlaix, en Bretagne, a rendu hommage aux tirailleurs africains qui ont combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette commémoration double honore leur passage dans la ville en 1944, avant leur départ vers Dakar.
Elle rappelle aussi les événements tragiques survenus au camp de Thiaroye au Sénégal, où de nombreux tirailleurs ont subi une répression violente pour avoir réclamé leur solde de guerre. En somme, cette cérémonie marque un acte symbolique de mémoire, visant à reconnaître la souffrance de ces soldats.
Un chapitre tragique de l’histoire franco-africaine
En 1944, à la fin de la guerre, 2 000 tirailleurs africains sont arrivés à Morlaix après avoir combattu pour libérer la France. Ces soldats, majoritairement originaires d’Afrique de l’Ouest, réclamaient le paiement de leur solde de guerre. Cependant, leur demande légitime a déclenché une série d’événements tragiques. Refusant de repartir sans leur dû, certains tirailleurs ont prolongé leur séjour à Morlaix. Finalement, le 5 novembre 1944, les autorités les ont embarqués pour Dakar, mais leur quête de justice allait bientôt connaître une tournure dramatique.
Le massacre de Thiaroye : la répression comme réponse
Après leur retour au Sénégal, les tirailleurs arrivés à Thiaroye ont poursuivi leurs revendications pour leur solde, qui, malheureusement, n’a jamais été intégralement versée. Les autorités, les accusant alors de rébellion, ont choisi la répression. Elles ont infligé une violente attaque aux soldats le 1er décembre 1944. Ainsi, le massacre de Thiaroye reste une plaie ouverte dans l’histoire, marquée par des dizaines de morts et des zones d’ombre non élucidées. Aujourd’hui encore, les appels pour la vérité, notamment sur le nombre exact de victimes et les lieux d’inhumation, résonnent, comme l’a souligné Bachir Sy, président du festival Thiaroye 44, lors de la cérémonie.
Une commémoration chargée d’émotion à Morlaix
La cérémonie de Morlaix a donc réuni participants et officiels dans un climat de recueillement et d’émotion au carré de la Résistance. Le maire Jean-Pierre Vermot a rappelé, d’une part, l’importance de reconnaître le rôle des soldats africains dans la libération de la France et, d’autre part, l’impact de cette tragédie. Ensuite, avec une sonnerie aux morts et une minute de silence, les participants ont honoré la mémoire des tirailleurs africains, au son des hymnes nationaux français et sénégalais. Ils ont clôturé ainsi ce moment solennel.
Un appel à la vérité historique
Au fil des discours, cette commémoration a insisté sur l’urgence de faire toute la lumière sur le massacre de Thiaroye. Dans son message, Bachir Sy a exprimé son espoir de voir des fouilles archéologiques entreprises pour localiser les lieux d’inhumation de ces soldats. Cette quête de vérité, régulièrement réitérée par les descendants et les représentants des communautés concernées, interpelle les autorités. Ces dernières sont appelées à reconnaître les sacrifices des tirailleurs et à rectifier l’oubli historique autour de ce drame.
Ciné-débat pour raviver la mémoire
En marge de la commémoration, la ville organise également un ciné-débat le dimanche 3 novembre à la Salamandre, avec la projection du film Thiaroye 44 de François-Xavier Destors et Marie-Thomas Penette. Cette œuvre documentaire, présentée en présence de la réalisatrice et de plusieurs experts, offre un espace d’échange pour approfondir la compréhension de cet épisode douloureux. En définitive, ce moment vise à sensibiliser et transmettre aux jeunes générations l’importance des sacrifices des tirailleurs africains.