Maryse Rocher : Une professionnelle au service du cheveu noir


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Maryse Rocher, propriétaire du salon Hair Karly Coiffure à Paris, est une professionnelle de la coiffure, notamment de celle dédiée aux personnes d’ascendance africaine. Pour elle, la formation des spécialistes du cheveu noir doit être une réalité. Tout comme celle pour les clients d’accéder à une information plus juste quant à leurs besoins en matière de soins capillaires.

Maryse Rocher est une professionnelle de la coiffure, technicienne et formatrice exclusive, en France, de la marque américaine Organic Roots Stimulator, spécialiste des soins capillaires. La coiffure et elle, c’est une grande histoire d’amour qui se concrétise lorsqu’elle ouvre, à Paris, en 1999, son premier salon, Hair Karly Coiffure. Plus tard, elle déménage pour s’installer à Montreuil en région parisienne, où elle officie aujourd’hui. Ce n’est pas toujours facile notamment quand on a décidé de se consacrer aux cheveux d’ascendance africaine. « Mais quand on aime, on ne compte pas », constate l’adage. Entretien.

Beautés d’Afrik : Comment êtes-vous arrivée à la coiffure ?

Maryse Rocher : J’aimais ça quand j’étais petite mais je ne pensais pas en faire un jour un métier. J’avais déjà opté pour le secrétariat mais je me suis tout de même lancée dans l’aventure en m’inscrivant dans une école. Le vrai déclic s’est fait avec mon premier bulletin de notes. On y lisait, « élève douée pour ce métier ». De plus, dans toutes les formations que j’ai suivies, je me suis très vite retrouvée, poussée par mes enseignants, à former mes camarades de classe. C’est un don de Dieu et voilà 22 ans que ça dure.

Beautés d’Afrik : Vous êtes technicienne. Qu’est-ce que cela signifie ?

Maryse Rocher : Une technicienne possède la maîtrise des produits chimiques. Elle réalise les mélanges. Aussi pourra-t-elle, par exemple, lors d’une coloration, rattraper une couleur qui vire, créer des couleurs personnalisées … Chaque salon doit en principe disposer d’une technicienne.

Beautés d’Afrik : Quels sont les difficultés que rencontre un coiffeur qui s’est spécialisée, en partie – puisque vous coiffez tous les types de cheveux, dans la clientèle d’ascendance africaine ?

Maryse Rocher : Les personnes d’ascendance africaine ont besoin de beaucoup de soin pour leurs cheveux notamment sous un climat différent de celui d’origine. Les coiffeurs qui se disent « spécialistes de la coiffure des personnes d’ascendance africaine » ne disposent pas d’une formation adéquate. De même, la clientèle manque d’information. Avant d’intervenir sur le cheveu d’une cliente, j’effectue un diagnostic systématique. Je ne défriserai jamais une cliente dont les cheveux sont abîmés et nécessitent des soins. Et puis les gens veulent de la qualité sans vouloir y mettre le prix. La formation et la maîtrise de la technique sont des questions urgentes pour les professionnels de ce secteur, tout comme l’information et le soin le sont pour les clients.

Beautés d’Afrik : Et d’un point de vue purement économique ?

Maryse Rocher : D’un point de vue plus administratif, du moins pour ceux qui travaillent dans les règles, nos marges sont plus faibles que celles réalisées dans les salons de coiffure destinés aux Européens. Je vais vous raconter une anecdote à ce propos. Mon centre de gestion m’a interpellé sur le fait que j’avais des coefficients inférieurs à ceux des autres salons. Ce qui est normal puisqu’on passe plus de temps sur un cheveu de type africain qu’un cheveu européen. Or, les coefficients ont été réalisés par rapport à ce dernier type de cheveu. Autre point, auparavant nous ne facturions pas à nos clients les suppléments de produits qu’il nous arrive régulièrement d’utiliser. Mais depuis que les impôts m’ont rappelée à l’ordre, ce n’est plus le cas.

Beautés d’Afrik : Que reprochez-vous à l’offre actuelle qui est faite par les « spécialistes » de la coiffure dédiée aux personnes d’ascendance africaine ?

Maryse Rocher : Je déplore le manque d’hygiène dans les salons de Strasbourg Saint Denis, Château d’Eau, Château Rouge… Pourtant, c’est l’une des premières choses que l’on apprend en école de coiffure. Ces salons font beaucoup de tort à la profession et surtout aux clients qui sont dupés. En même temps, c’est compréhensible puisque les personnes employées dans ces espaces le sont dans de mauvaises conditions. Elles ne sont pas formées, elles sont mal payées, rémunérées par tête et elles ne sont souvent pas déclarées à l’Urssaf (organisme français qui perçoit les cotisations sociales, ndlr). Il n’y a donc aucune motivation chez le personnel. D’ailleurs, ces salons n’appartiennent généralement pas à des gens de la communauté. Ils sont la propriété d’hommes d’affaires qui ne font qu’exploiter un marché à fort potentiel qui attire de plus en plus.

Beautés d’Afrik : Quels sont vos projets ?

Maryse Rocher : Hair Karly Coiffure ouvrira, d’ici septembre, au cœur de Paris, une annexe dédiée à l’entretien des cheveux naturels avec une nouvelle technique de soin. D’ici 5 ans, nous espérons créer une espace dédié à la femme avec tout ce qu’on peut lui offrir en termes d’esthétique avec de vrais spécialistes de la beauté noire.

Hair Karly Coiffure est devenu :

Victoire’s Natural Hair

5, rue François de Neufchateau

75011 Paris

Téléphone : +33 1 43 67 16 20

M°Voltaire

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