Une nouvelle vague de protestation déferle sur le Maroc, mettant en lumière le profond attachement de la population à la cause palestinienne. Ces manifestations posent un défi majeur à la politique de normalisation avec Israël voulue par le roi Mohammed VI.
Ce dimanche, la ville de Tanger a été le théâtre d’une manifestation massive, rassemblant des milliers de citoyens brandissant des drapeaux palestiniens et scandant des slogans tels que « Gaza n’est pas seule » et « Non à la normalisation« . Cet événement s’inscrit dans un mouvement de contestation plus large qui prend de l’ampleur depuis plusieurs mois à travers le royaume.
Le choix de Tanger n’est pas anodin. La ville portuaire a récemment été au cœur d’une controverse suite à l’autorisation donnée à un navire de guerre israélien de se ravitailler au port de Tanger Med il y a quelques semaines. Cette décision, perçue comme une coopération militaire de facto avec Israël, a provoqué l’indignation d’une grande partie de la population marocaine.
⚫️ À Tanger, la Palestine haut et fort
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L’ampleur de ces manifestations reflète un fossé grandissant entre la volonté royale de normaliser les relations avec Israël et le sentiment populaire. Les chiffres sont éloquents : selon les dernières enquêtes du réseau Arab Barometer, le soutien à la normalisation des relations avec Israël a chuté de manière spectaculaire au Maroc, passant de 31% début 2023 à seulement 13% aujourd’hui.
Le silence de Mohammed VI
Cette opposition croissante pose un risque sérieux pour la stabilité du régime et l’autorité du roi Mohammed VI. Le silence du monarque face à certains événements récents, seulement brisé lors de l’assaut des forces israéliennes contre la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem en février 2024, n’a fait qu’exacerber les tensions. Ce mutisme, en contraste avec les réactions d’autres dirigeants arabes, a été largement interprété comme une conséquence directe de sa politique de normalisation.
La poursuite de cette politique dans un contexte d’opposition populaire croissante soulève de nombreuses questions quant à la stratégie du palais royal. Si le rapprochement avec Israël a permis d’obtenir la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, il semble également creuser un fossé entre le roi et une partie significative de son peuple.
Un équilibre impossible
Face à cette situation, le gouvernement marocain tente de maintenir un équilibre délicat. Des gestes symboliques, comme l’envoi récent de 40 tonnes d’aide médicale à Gaza, visent à apaiser les tensions sans pour autant revenir sur les engagements diplomatiques pris.
Cependant, ces actions semblent insuffisantes pour calmer la colère populaire.
Le défi pour Mohammed VI est désormais de concilier ses objectifs diplomatiques avec les aspirations de son peuple. La normalisation avec Israël risque de devenir un facteur d’instabilité sociale et politique au Maroc, mettant potentiellement à l’épreuve l’autorité même du roi.
La montée en puissance des manifestations à travers le pays témoigne de l’urgence de la situation et de la nécessité pour le pouvoir de trouver rapidement une réponse à cette crise qui couve.