Soumis à de fortes pressions de l’Europe, le Maroc tente de mettre sur pied une politique d’accueil des migrants d’origine subsaharienne. Mais Human Rights Warch est formel : « Les forces de sécurité marocaines soumettent régulièrement les migrants subsahariens dans le nord-est du pays à des passages à tabac ou à de mauvais traitements, et parfois les volent ».
Les quatre ministres de l’Intérieur « concernés par le détroit de Gilbraltar » représentant l’Espagne, la France, le Maroc et le Portugal, s’étaient retrouvés jeudi 20 février, à Paris. Au centre des discussions : l’immigration clandestine.
Cette rencontre intervient deux semaines après la tragédie du 6 février à Ceuta, où au moins douze migrants subsahariens ont trouvé la mort en tentant de rejoindre cette enclave espagnole située au nord du Maroc. Prenant la parole, le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed Hassad, rapporte : « Entre Tétouan et Nador, plus de 2 000 personnes sont prêtes à mener des assauts en prenant des risques insensés. Vous êtes obligés de ratisser jusqu’à 30 kilomètres en amont, mais nous assumons complètement cela. C’est quand même mieux que de prendre des risques démesurés ».
Selon Le Monde, dans un rapport de 79 pages intitulé « Abus et expulsions », les mauvais traitements infligés aux migrants d’Afrique subsaharienne rendu public le 10 février, Human Rights Watch a dénoncé ces opérations. « Les forces de sécurité marocaines soumettent régulièrement les migrants subsahariens dans le nord-est du pays à des passages à tabac ou à de mauvais traitements, et parfois les volent (…). Ces exactions persistent, malgré quelques améliorations dans le traitement des migrants depuis que le gouvernement a annoncé une nouvelle politique de migration », insiste HRW.
Soumis à de fortes pressions de la part des Européens, le Maroc a, écrit Le Monde, infléchi sa ligne de conduite et tente aujourd’hui de mettre sur pied une politique d’accueil des migrants d’origine subsaharienne. Consigne a été donnée par le roi Mohammed VI : il ne s’agit plus de les traquer mais de leur offrir des papiers pour rester sur place et régulariser ainsi leur situation.