Une marche silencieuse pour dénoncer les actes pédophiles au Maroc a eu lieu ce dimanche à Casablanca. Un rassemblement qui a eu lieu quelques jours après le viol d’une fillette de 10 ans.
Une manifestation symbolique pour lever le voile du silence d’un phénomène grave au Maroc. Ils étaient des milliers, hommes, femmes, enfants, personnalités, artistes et victimes de viols, à battre le pavé silencieusement ce dimanche sur près de 4 kilomètres sur la Corniche de Casablanca pour dénoncer les actes de pédophilie. Placée sous la bannière « criminalisation effective et sévère de la pédophilie », le but de cette marche était aussi et surtout d’interpeller les pouvoirs publics pour que ce crime soit fermement condamné. L’affaire Wiam, cette fillette âgée d’à peine 10 ans, violée et sauvagement battue dans un douar à proximité de Sidi Kacem, a été le drame de trop qui pousse les Marocains à réagir face à l’inaction des politiques. Wiam a été défigurée après avoir reçu vingt coups de faucille par son bourreau.
« C’était le viol de trop, le crime de pédophilie de trop, l’agression violente de trop. Nous ne voyions plus que ce petit corps frêle complètement fracassé, et une blessure, le viol, que cette fillette portera à jamais. Alors l’idée de l’organisation d’une marche blanche a spontanément été lancée, notamment par le présentateur télé, Rachid El Idrissi », témoigne l’un des organisateurs de cette marche contre la pédophilie.
Sur Internet, on pouvait lire des slogans sur Facebook et Twitter tels que : « Non au viol de nos enfants », « Plus jamais de Wiam », « Marchons pour protéger nos enfants, marchons pour toutes les Wiam du Maroc ». Des figures de la société civile ont réagi à l’instar du rappeur Don Bigg, du cinéaste Nour Eddine Lakhmari, de l’acteur et réalisateur Driss Roukhe, l’animateur de radio Momo ou encore l’ancien footballeur Aziz Bouderbala ont soutenu l’initiative de cette marche. L’engament de l’actrice Amal Essaqr a permis à la jeune fille d’être opérée du visage dans une clinique privée de Casablanca.
Criminaliser la pédophilie
La mobilisation des artistes marquent un tournant au Maroc. L’éveil d’artistes restés à l’ombre des mouvements de contestation ces derniers temps. Pourtant, « les artistes, les intellectuels, les sportifs sont des vecteurs de sensibilisation essentiels. Ce sont des visages connus, familiers que le public écoute volontiers. L’affaire Wiam a probablement secoué les consciences culturelles, en plus de celles de la société civile. Et c’est tant mieux », conclut un défenseur des droits de l’Homme sur Libe.ma.
Comme l’article 475, qui permet à un violeur d’épouser sa victime pour échapper à la prison, l’article 486 du Code pénal marocain est pointé du doigt. La société civile demande la modification de cet article qui punit le viol et aggrave la peine pour les mineurs. Elle demande la criminalisation de la pédophilie. Les associations pour la protection de l’enfance vont même plus loin dans leurs revendications. Elles souhaitent que les termes de « pédophilie » et « tourisme sexuel » apparaissent clairement dans les textes de loi pour mieux sanctionner ce fléau.
Cette marche blanche témoigne d’un profond malaise. Wiam n’est évidemment pas la seule victime au Maroc. Elle n’est qu’un exemple parmi les centaines d’enfants qui ont déjà subi ou qui subissent régulièrement viols et autres violences et dont les histoires ne sont pas médiatisées.