En prélude de la Journée mondiale contre l’homophobie, vendredi 17 mai, le magazine LGBT marocain Aswat a lancé une cyber-campagne baptisée « L’Amour pour tous ».
Le magazine LGBT marocain Aswat se lance dans la cyber-lutte. Afin de sensibiliser le Maroc à la Journée mondiale contre l’homophobie créée en 2005 par l’association IDAHO, le magazine a lancé au début du mois de mai une cyber-campagne contre l’homophobie : « L’Amour pour tous ». Cette action intervient parallèlement à la condamnation à la peine maximale de deux Marocains à Souk al Arbaa, dans le nord du royaume. Tous deux ont écopé de trois ans de prison ferme. Un autre couple de la région de Rabat risque la même peine pour avoir été surpris en pleine acte sexuel dans une voiture par la police marocaine. Incarcérés à la prison de Salé depuis le 6 mai, leur procès est prévu pour le 20 mai.
Une pratique « immorale »
L’objectif de cette campagne est de sensibiliser l’opinion publique. Les organisateurs espèrent « agir contre l’homophobie, très présente dans la société marocaine, et arabe en général, à travers une opération de sensibilisation », explique à Jol Press Ishaq Nouri, Directeur adjoint du magazine Aswat.
Dans de nombreux pays musulmans en Afrique et ailleurs, l’homosexualité et tout particulièrement l’acte en lui-même sont considérés comment étant immoral au sens de la vie. Au Maroc, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont passibles d’une peine de 6 mois à 3 ans d’emprisonnement, selon l’article 489 du code pénal qui fait référence à des « actes licencieux ou contre nature avec un individu du même sexe ». « L’homosexualité est à la fois une honte, un pêché aux yeux de la société et un crime aux yeux de la loi », déplore Ishaq Nouri. « C’est un grand tabou au Maroc, personne n’en parle », ajoute-t-il.
Sur le banc des accusés
Une fois n’est pas coutume au Maroc, les défenseurs des droits des homosexuels, à l’instar d’Ishaq Nouri, réclament l’abrogation de l’article 489 du code pénal. Un combat similaire aux ONG qui demande l’abrogation de l’article 475 du code pénal qui permet à un violeur d’épouser sa victime afin d’échapper à la prison. Ishaq Nouri demande que l’article 489 soit remplacé par une loi et des mesures qui protègent les minorités sexuelles contre l’homophobie.
D’après la seule association LGBT marocaine connue, « Kifkif », créée fin 2004, près de 5000 homosexuels auraient comparu devant la justice, depuis l’indépendance du Maroc en 1956, pour avoir enfreint le sensible article 489. La campagne « L’amour pour tous », qui pour le moment se limite aux réseaux sociaux, prendra fin à la fin du mois de mai. Depuis son lancement, des dizaines de militants déposent sur la page Facebook Aswat des photos aux slogans revendicateurs.
Dans la plupart des pays en Afrique, sans distinction de religion, les actes d’homosexualité sont punis par la loi et par les citoyens en personne à l’image du Sénégal où les homosexuels sont traqués. Un pays échappe officiellement à la règle, même si les réalités sur place sont toutes autres, il s’agit de l’Afrique du Sud. Le pays arc-en-ciel est le premier du continent à avoir ouvert le bal au « Mariage pour tous » en légalisant l’union et l’adoption entre personnes de même sexe en 2006. Loin devant la France qui se lance à peine…